Between Neoliberalism and Morality: The Muslim Conception of Development
in Turkey (abstract) - Levent ÜNSALDI
Despite its crises and
contestations, the market-based development model seems to be maintaining its
global hegemony over and above other ‘heretical’ development models. The
discursive practices and analytical categories constructing what is thinkable
and expressible according to this market norm are therefore undergoing a
process of realignment. This is the case of a certain form of Turkish political
Islam, which, having aligned itself under a homogenising banner, has recently
‘softened’ remarkably. This chapter provides an empirical outline of political
Islam’s alignment, in Turkey , with the neoliberal approach to development.
From the viewpoint of moderate Islam, development is synonymous with a gradual
entry into the modern market era, adjusted in accordance with a few moral
imperatives. This chapter sheds light on the rise of a charity-based social
model and highlights the many contradictions between economic development and
moral development, with particular attention to the form of development
advocated by the moderate Islamic Adalet ve Kalkınma Partisi (AKP) party.
Development for this
radical kind of Islam looks more like a succession of fractures and deployments
guided toward the access of an Islamist ideal named asr-ı saadet (Age of Bliss). It evokes a golden century,
lived or pursued, somewhat utopian but effective to embody the Caliph’s purity
and the dynamism of the primitive Islam when the Prophet’s followers, at the 7th
century were champions of the entire world progress: development as an entry in
a virtuous market modernity.
The paring-down of Islamist ideology would put in
perspective the explicative power of theory and models, however of a significant
contribution, but to us a little too focused on irreconcilable dualities of the
Turkish society (western world/eastern world, Islam/secularity,
bureaucracy/civil society).
Entre le
néolibéralisme et la morale, la conception musulmane du développement en
Turquie
Levent ÜNSALDI
Malgré ses crises et ses remises en cause, le modèle de
développement fondé sur la centralité de la norme marchande semble préserver
son hégémonie planétaire, éclipsant d’autant les modèles de développement
« hérétiques ». On assiste alors à un recentrage des pratiques
discursives et des catégories analytiques sur ce qui est pensable et dicible du
point de vue de cette norme marchande. C’est le cas d’un certain islam
politique en Turquie, qui s’est remarquablement « adouci » après
s’être rangé sous sa bannière uniformisatrice. Cet article propose de cerner de
façon empirique l’alignement de l’islam politique en Turquie sur l’approche
néolibérale du développement. Du point de vue de l’islam modéré, le
développement est synonyme d’entrée progressive dans l’ère de la modernité
marchande, revue à l’aune de quelques impératifs moraux. L’article décrypte la
valorisation d’un modèle social fondé sur la charité et pointe les nombreuses
contradictions entre le développement économique et le développement moral,
notamment celui défendu par le parti de l’islam modéré AKP.
Le développement pour l’islam radical est plutôt une
succession de ruptures et de déploiements, dans le sens de l’accès à un idéal
islamiste qui a pour nom asr-ı saadet(« ère de
félicité »). Il évoque un
siècle d’or, vécu ou recherché, quelque peu utopique mais agissant, supposé
incarner la pureté des premiers Khalifes et le dynamisme de l’islam
« primitif » où les fidèles du Prophète se
faisaient, au VIIe siècle,
champions du progrès mondial : le développement comme une entrée dans une
modernité marchande vertueuse.
L’allègement de l’islamisme permettrait de relativiser la
portée explicative des théories ou modèles, certes d’un apport non négligeable,
mais trop centrés, selon nous, sur les inconciliables dualités supposées de la
société turque (Occident/Orient, islam/laïcité, bureaucratie/société civile,
etc.).
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