4/02/2013

Painting Rene Polak (Holland)
Mongol History rewritten and relived - Beatrice Forbes Manz

History was an important source for legitimization and for establishing precedents in the medieval Middle East, both for rulers and their subjects. In Iran and Central Asia, the most recent and formative history was that of Mongol conquest and rule ; this was true for Iranians as well as for the Turco-Mongolian ruling class. We see in both regional and dynastic histories the constant elaboration of central issues, particularly the question of the division of the Mongol Empire, and the drama of Islamization. In this paper the author examines the use of history by several rulers who sought to increase their prestige and legitimate their rule through the active imitation of past rulers and the manipulation of historical memories. In their public actions Temür and his Jöchid rival Tokhtamish referred back to both the career of Chinggis Khan and the earlier rivalries between the Ilkhans and the Golden Horde. Shāhrukh, using Islamization as part of his legitimization, imitated the Islamizing Ilkhan, Ghazan. To understand the career of these leaders, we should understand both the historical precedents their actions referred to, and the way in which Mongol history was viewed within their milieu.

Borders changed, dissident princes, tribes and emirs found a ready welcome from rival Mongol rulers, ulama and others sought refuge in more settled or congenial territory, and prisoners of war served in new places under new masters. In the fourteenth century the division of the Chaghadayid state and its expansion into eastern Afghanistan, the collapse of the Ilkhanid dynasty and, finally, the Timurid conquests, all brought political upheavals. The territorial division of the Mongol realm then did not end the concerns of a common culture and a common history ; indeed the controversies surrounding this division kept them alive. In almost any area of the Middle East and Central Asia, a person asking about Mongol history would hear versions representing several different Chinggisid houses.                                                                                   The careers of the two great Turco-Mongolian leaders and rivals of the late fourteenth century — Temür and Tokhtamish — illustrate clearly both their conciousness of acting within the Mongol Empire as a whole, and their manipulation of its symbols for an audience still concerned with the controversies of Mongol history. They were able to evoke in their own actions the success and grandeur of past Mongol leaders and, in so doing, to claim a right to the full heritage of their models.


L'histoire mongole réécrite et revécue - Beatrice Forbes Manz

L'Histoire fut une base importante de légitimation et de précédents pour le Moyen-Orient médiéval, à la fois pour les gouvernants et pour leurs sujets. En Iran et en Asie centrale, l'histoire la plus récente et la plus riche d'enseignement fut celle de la conquête et de la souveraineté mongoles ; ceci fut vrai pour les Iraniens comme pour la classe dirigeante turco-mongole. Dans l'histoire dynastique comme dans l'histoire régionale, nous percevons une constante élaboration des données, en particulier sur le problème de la division de l'empire mongol, et sur celui de l'islamisation. Dans cet article, l'auteur examine l'utilisation de l'histoire par divers dirigeants qui tentèrent d'accroître leur prestige et de légitimer leur gouvernement par une imitation active des souverains anciens et par la manipulation des souvenirs historiques. Par leurs actions publiques, Tamerlan et son rival Jötchide Tokhtamish, se réfèrent à la fois à la carrière de Gengis Khan et aux anciennes rivalités entre les Ilkhans et la Horde d'Or. Shāhrukh, qui utilisa l'islam comme partie intégrante de sa légitimisation, imita Ghazan, le khan islamisateur. Pour comprendre la carrière de ces chefs, nous devons comprendre les précédents historiques auxquels se référaient leurs actions et la façon dont ils voyaient l'histoire mongole.

Les frontières modifiées, princes dissidents, tribus et émirs étaient accueillis par les dirigeants Mongols rivaux, les ulama et autres dignitaires religieux trouvaient refuge au sein de territoires plus stables et plus accueillants, les prisonniers de guerre demeuraient asservis dans de nouveaux endroits pour de nouveaux maîtres. Au 14ème siècle, la division de l’Etat Chaghadayid et son expansion vers l’Afghanistan oriental, l’effondrement de la dynastie Ilkhanid et enfin les conquêtes Timurid entraînaient de grands bouleversements politiques et une exode massive. La division territoriale du royaume Mongol n’a pas fait disparaître les préoccupations concernant une culture et une histoire commune ; en effets les controverses suite à cette division les ont perpétuées. Dans presque chaque aire culturelle du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale, lorsqu’on interroge à propos de l’histoire Mongole, on entend autant de version qu’il existe de phratries (N. d T. ‘phratries’ pour ‘houses’ est plus claire) dans la société Chinggisid. A la fin du 14ème siècle, les actions des deux principaux dirigeants turco-mongols — Temür and Tokhtamish —  et leurs rivaux  illustrent clairement leur acuité de l’histoire pour agir au sein de l’Empire Mongol comme un tout indivisible tout en manipulant ses symboles destinés à façonner les notions d’une audience concernée par les controverses de l’histoire Mongole. En évoquant le passé et la grandeur des anciens dirigeants mongols pour justifier leurs actions, ils revendiquaient ainsi la légitimité de l’héritage intégral de ces modèles.

 

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