Getting back in the Game when all is Lost. A Sociological Reflection on
the Category of Resilience
The success of the metaphor “bouncing back”, and one of its supports,
writings in popular psychology, unquestionably deserves a sociological
analysis. Yet we still need to find the path that will prove most promising in
learning about the reasons and the effects of this success. After a succinct
description of the contents of this talk about resilience as it appears in B.
Cyrulnik's writings, we will try to see, in relation to a classical, critical
analysis of the object, the programmatic advantage of research done from the
perspective of the socio-anthropology of play. We chose play because it
facilitates taking dimensions of individual experience into account, sometimes
ignored by other approaches. It also invites us to adopt a posture capable of
revealing the hypothetical reasons for this success, and in return, how to do a
socio-anthropology pertinently criticizing the object studied here. The notion
of resilience stems from physics science and refers to the capacity of a body
to get back to its initial shape after a negative shock : thus the trauma is a
shock against adversity(the fall) and it is, amongst other things, on this same
space from this adversity that one has to find a support to bounce back (the
rebound). As a consequence there the first time 'before' trauma, the time
'during' trauma and the time 'after' trauma. The latter is divided in more
possible moments depending of the paths in life of individual people : the
moment 'without' resilience, the moment 'with' an initiated resilience process
or the moment 'with' a resilience that is not real, made up of false success
used as band-aid to support an acute pain. What are the main features of the
traumatized individual furnished of a specific consistency of capacities and
shortcomings? This consistency is fundamentally vitalistic, it comes to 'vital
flow' , that 'as a river, the person will take up the course of its development
in a direction modified by the trauma'. This means that individuals naturally tend
to return to life. Cyrulnik stresses the dialogic nature of life: curious
strain of human condition; in absence of the other, we can't become ourselves, as
scanners reveal brain atrophies of children who grow without affection.
Identity can exist only through the 'other' and otherness is constitutive of ourselves
; thus we are human beings in need for attachment. The work of 'significance' is
the focus our whole life. Thus language is our way of existing in this world
and it is as well the cement of our society: empathy. Therefore basically,
human beings are natural (infused with vital flow) and cultural beings. Subject
to limited exceptions, the stated traumas do not come from daily life but
derive from violent shocks that tear apart a veil: war, concentration camps,
genocides, rapes, ethnic cleansing, incest, etc...An emphasis of the
unspeakable (hardships that cannot be said) and an anomy (when there is no
answer to 'why' of the things) are to be found. By differentiating resilience
to social success, this latter cannot be viewed as resilience given that it
does not presuppose an emotional reworking, Cyrulnik emphasize: no one ever
completely succeed to solve one's problems, traces of them always remain, but
one can give them another life, more tolerable and sometimes more beautiful and
meaningful. Research towards happiness without any link to melancholy or suffering
won't do any good; well-being and unhappiness are in this frame strongly
related. The quest for serenity or a state of plenitude wherein no move needs
to be done remains fanciful. The question then becomes whether one must move
forwards, higher, further? The individual born in a co-constitution of the
inside and the outside world, is going to live and build practices on a range
of items, alive or not, physical or not, that will ensure him or her to keep on
living in order to develop the foster that will become the 'meaning'. Thus
autonomy is almost never acquired (and perhaps is not meant to be acquired) particularly
in relation to the meaning of life. Subjected to its relationship based nature
the latter will always rely on a social frame. The meaning of life is not
innate, it is a cultural process far from being impervious to events of human
life which in turn has an impact on the way an individual will calculate them.
Se remettre en jeu quand rien ne
va plus - http://rsa.revues.org/298
Une réflexion sociologique sur la
catégorie de la résilience
Le succès d’une métaphore, celle du rebond, et de l’un de ses supports, les
ouvrages de psychologie vulgarisée mérite sans conteste une analyse
sociologique. Encore faut-il savoir quelle voie se révélera la plus prometteuse
pour tirer des enseignements sur les raisons et les effets de ce succès. Après
une description sommaire du contenu du discours sur la résilience tel qu’il
apparaît dans les ouvrages de B. Cyrulnik, on tentera de voir, par rapport à
une analyse critique classique de l’objet, quelle pourrait être la plus-value
programmatique d’une recherche menée dans l’optique de la socio-anthropologie
du jeu. Celle-ci, parce qu’elle propose de prendre en compte des dimensions de
l’expérience de l’individu parfois délaissées par d’autres approches, invite à
l’adoption d’une posture qui pourra nous informer sur les hypothétiques raisons
de ce succès, et en retour, sur la manière de faire une socio-anthropologie
pertinemment critique de l’objet ici étudié. La notion de résilience provient
du monde de la physique et désigne la capacité d’un corps à reprendre sa forme
initiale après avoir subi un choc : un traumatisme est donc un choc contre
une adversité (la chute), et c’est entre autres sur cette même surface
représentée par l’adversité que l’on doit prendre appui pour se relever (le
rebond). Dés lors, il y a le premier
temps de la vie “avant” le traumatisme, le temps du traumatisme, et le temps
d’ “après” le traumatisme. Ce dernier se subdivise lui-même en plusieurs
moments possibles, suivant les parcours des individus traumatisés : le
moment “sans” résilience, le moment “avec” un processus de résilience enclenché
ou le moment “avec” une résilience qui n’en est pas vraiment une, constituée
par de “fausses” réussites qui servent d’emplâtres à une douleur toujours
vivace. Quelles sont les caractéristiques principales de l’individu
traumatisé affublé d’une certaine consistance, de capacités, de défauts? Cette
dernière est fondamentalement vitaliste, on y parle d’un «flux vital», qui fait
que «comme un fleuve, la personne reprendra le cours de son développement dans
une direction modifiée par le trauma». Il y a donc chez l’individu une
«tendance naturelle du retour à la vie». Cyrulnik insiste sur le caractère
dialogique de l’existence : curieuse contrainte de la condition
humaine ; sans la présence d’un autre, nous ne pouvons pas devenir
nous-mêmes, comme le révèlent au scanner les atrophies cérébrales des enfants
privés d’affection. L’identité existe
donc uniquement à travers autrui et l’altérité est constitutive de
nous-mêmes ; nous sommes ainsi des êtres d’attachement. Le «travail du
sens» est ce qui thématise toute notre vie. Le langage est donc notre manière
d’être dans ce monde, mais il est aussi le ciment de la société :
l’empathie. Fondamentalement donc, l’être humain est à la fois de nature
(traversé par un flux vital) et de culture. Sauf rares exceptions, les
traumatismes mentionnés ne proviennent pas de la vie quotidienne, mais sont des
chocs violents qui, pourrait-on dire, déchirent un voile : la guerre, les
camps de concentration, les génocides, les viols, les épurations ethniques,
l’inceste, etc.
On retrouve une insistance sur l’indicible (les épreuves qui ne peuvent être
dites), et l’anomie (lorsqu’il n’y a pas de “pourquoi” des choses).
Différenciant la résilience de la réussite sociale, qui ne peut être considérée
comme de la résilience dans la mesure où elle ne présuppose pas un travail de
remaniement émotionnel, Cyrulnik affirme : on ne réussit jamais à liquider
nos problèmes, il en reste toujours une trace, mais on peut leur donner une
autre vie, plus supportable et parfois même belle et sensée. Il n’est pas bon
de tendre vers un bonheur qui n’est pas associé d’une quelconque manière à la
mélancolie, voire à la souffrance ; bien-être et malheur sont donc, dans cette
conception, intimement liés. La recherche de l’ataraxie, ou plus précisément
d’un état de plénitude où l’on ne “bouge” plus, est chimérique. Faut-il alors
toujours aller de l’avant, plus haut, plus loin? L’individu naît d’abord dans
une co-constitution de l’intérieur et de l’extérieur, va vivre et prendre appui
sur une série d’objets, vivants ou non, matériels ou non qui lui permettent
d’assurer la continuité d’existence suffisante pour développer l’intéressement
qui pourra devenir le 'sens'. Finalement l’autonomie n’est jamais totalement
acquise (et n’est même peut-être pas à acquérir), particulièrement en ce qui
concerne le sens de la vie. Tributaire de son caractère relationnel, ce dernier
possèdera donc toujours une texture sociale. Le sens de la vie n’est pas donné,
il s’agit d’un processus culturel qui est loin d’être imperméable aux
événements de la vie, et qui possède en retour un impact sur la manière dont
l’individu va les jauger.
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