While crime fiction has become increasingly popular in
Turkey since the 1980s, its history goes back to the nineteenth century. As
stated by David Mason, who investigates early Turkish crime fiction in his PhD
thesis, ‘propaganda was at the heart of the development of the genre and its
subsequent popularity ensured that it would continue to be an effective vehicle
for propaganda for generations to come’. In his analyses of five Turkish crime
fiction series written between 1928 and 1950, Mason argues that the genre was
intended to spread Turkish nationalism and that the novels included several
‘messages of character traits Turks should embody [which] adhered closely to
Kemalist concepts of Turkism’. Aside
from the embedded national ideology, it is also possible to recognize traces of
the Islamic epistemology of Tanzimat literature in early Turkish crime novels.
This is not to imply that Islam was the primary subject or motif in this novel
the way Sufism is inBab-ı Esrar, but only to illustrate that Islamic philosophies were
embedded in Turkish crime novels from the very beginning when the form was just
beginning to develop. With regard to Sufism, Tanzimat authors such as
Ahmet Mithat, Namık Kemal and Şemseddin Sami had a different method of
narration. While their
texts demonstrate an Islamic epistemology, these authors had an uneasy
engagement with the mystical subtext of classical literature. Aside from being a
prominent example of the contemporary Turkish crime novel, Bab-ı Esrar is one of the most notable examples
of how Sufism is represented in a popular text – together with Elif Şafak’s Aşk (Forty Rules of Love), it is by no means one of a few. There has recently been
growing interest in Sufism in Turkey, in both fictional and non-fictional works
that deal with Sufi thought across a range of sub-genres including histories
and the biographies of Sufi masters and their teachings. Among the secular popular literary
texts in which Sufism appears, Bab-ı Esrar is particularly interesting for a
number of reasons. Most importantly, it projects the changing features of
Turkish literature. The literary and cultural worlds in Turkey are
otherwise still very polarized. Thus while Sufism and other mystical themes
have been explored in the hidayet
romanları since
the 1980’s, these
bestsellers are not even mentioned in liberal literary publications. One can
argue that it is only after the recent publications such as Bab-ı Esrar and Aşk that Sufism became a familiar
literary motif to a readership that certainly extends beyond
Islamic-conservative circles. With
these topics in mind, one can go beyond the relationship between Sufism and the
novel to explore how these features are linked with cultural memory. What
is unique about Sufism’s place in crime fiction is how it communicates the
ideology of the novel and is linked with identity politics and memory. The way
Shams is depicted in Bab-ı Esrar becomes a matter of propaganda, but
unlike in the earlier crime novels of 1928-1956, Turkish nationalism is not the
issue. On the contrary, as in most of Ümit’s fiction, it is actually possible
to see a resistance against nationalism. In Bab-ı Esrar Rumi is depicted as
the poet of love underlining the equality of all human beings rather than
differences of ethnicity, nation or gender. Rumi’s portrayal as ‘a universal
polymath who foreshadows both Turkish nationalism and the secular values of
post-Enlightenment modernity’ is not
unique in contemporary cultural productions, i.e. in the Turkish film Tolerance (1995), but what is new is the
underlying importance of Shams in Rumi’s life and the emphasis on their
relationship. Major elements of Sufi concepts appear throughout the
story, most notably as the idea of the guidance of the soul and its rejoining
with God, which parallel the movement between past and future, and dreams and
reality, while on her spiritual journey. Thus while Ümit connects this journey
through time and space with the mystery and suspense of the plot, he implicitly
uses the language of Sufi mysticism. The spiritual and philosophical
concepts that arise in Bab-ı Esrar are some of the basic teachings of Sufism. One could postulate that the
esoteric contents and themes of Sufism in Turkish popular culture work to fill
a gap in the Turkish reader’s own search for identity. Novels like Bab-ı Esrar may be seen as presenting a potential
alternative social narrative to their intended readers. This is the reason for
their classification as revisionist novels: not only do they reconstruct our
memory of the past, but also influence our understanding of the present.
Summary and translation on an article from Zeynep Tüfekçioğlu
http://ejts.revues.org/4532#tocto1n2
Soufisme et romans
policiers turcs : Le Mystère de Shams-i Tabrizi dans le roman de Ahmet Ümit, Bab-ı Esrar
Depuis les années 1980, le roman policier turc a gagné en popularité mais
c'est bien au 19ème siècle que débute son histoire. comme l'a souligné David
Mason, qui a conduit des recherches sur le roman policier Turc dans le cadre de
sa thèse : 'la propagande était à l'origine du développement de ce genre
littéraire dont la popularité assurait la continuité de ce vecteur de
prosélytisme pour les générations futures.'. Dans son analyse de 5 romans
policiers écrits entre 1928 et 1950, Mason affirme que ce genre littéraire
avait pour objectif de diffuser les thèses nationalistes turques et que dans
les romans on trouvait des messages indiquant des traits de caractère que les
Turcs devaient incarner rigoureusement conformes aux concepts Kémalistes de la turcité.
Aux côtés de cette idéologie nationale on trouve des impressions de philosophie
islamique issue de la littérature Tanzimat dans les premiers romans policiers
turcs. Ceci ne signifie pas que l'Islam était le motif ou le sujet unique de ce
roman comme l'est le Soufisme dans Bab-ı Esrar mais montre que les philosophies islamiques
existaient depuis l'apparition de ce genre littéraire. En ce qui concerne le
soufisme, les auteurs Tanzimat, tels Ahmet
Mithat, Namık Kemal et Şemseddin Sami possédaient une méthode de narration bien
différente. Ainsi, les textes attestaient l'influence des thèses islamiques et
leurs auteurs assumaient difficilement les valeurs des textes mystiques de la
littérature classique. En
plus d'être un roman capital pour le roman policier turc contemporain, Bab-ı Esrar est l'un des exemples le plus emblématique
de la représentation du Soufisme dans les textes populaires - avec le roman d'
Elif Şafak Aşk , parmi beaucoup d'autres. Récemment
on voit un intérêt croissant pour le Soufisme en Turquie dans les romans et les
essais scientifiques qui traitent de la pensée soufie dans une série de genre
littéraires variés, textes historiques, biographies des maîtres soufis ainsi
que leur enseignement. Parmi les textes séculaires écrits sur le Soufisme, Bab-ı Esrar est particulièrement intéressant sur bien
des points. Tout d'abord ce roman reflète l'image des nouvelles tendances le la
littérature turque. Car les mondes littéraires et culturels en Turquie sont
très polarisés. Ainsi alors que le Soufisme et autres thèmes mystiques sont
présents dans les hidayet
romanları
depuis les années '80, ces romans à succès sont occultés par le monde littéraire.
On peut affirmer que c'est seulement après les récentes publications de Bab-ı Esrar et Aşk que le Soufisme est devenu un cadre
littéraire populaire pour une lecture transmise au-delà des cercles islamiques conservateurs.
En gardant ces thèmes à l'esprit, on peut voir au-delà de la relation entre le
roman fiction et le Soufisme comment ces aspects sont liés à la mémoire
culturelle. Le caractère unique de la place du
Soufisme dans le roman fiction est sa manière de transmettre l'idéologie du
roman et sa relation aux idées politiques et à la mémoire. La façon dont est
décrit Shams dans Bab-ı
Esrar
s'apparente à de la propagande, mais contrairement aux anciens romans policiers
des années 1928-1956 le nationalisme turc n'entre pas en compte. Au contraire,
dans tout le roman de Ümit on entrevoit une opposition au nationalisme. Dans Bab-ı
Esrar
Rumi est décrit comme le poète de l'amour qui scande l'égalité entre les êtres
humains plutôt que les différences ethniques, de nation, de genre. Ce portrait
de Rumi 'en tant que savant universel précurseur du nationalisme turc et des valeurs
séculaires de la modernité qui succédait aux siècles des Lumières' n'est pas
unique et se retrouve dans d'autres productions culturelles contemporaines, par
exemple le film 'Tolérance' (1995), l'originalité se trouve dans l'importance
donnée à la présence de Shams dans la vie de Rumi et l'accent mis sur leur
relation. Les éléments principaux des concepts soufis apparaissent tout au long
de l'histoire, plus particulièrement l'idée d'accompagnement de l'âme dans son
voyage vers Dieu, qui rappelle la mobilité entre le passé et le future, le rêve
et la réalité au cours de ce périple spirituel. Aussi Ümit associe ce périple
dans l'espace et le temps au mystère et au suspense du complot tout en
utilisant le langage mystique Soufi. Les conseils spirituels et philosophiques
du roman Bab-ı Esrar viennent tout droit de l'enseignement
Soufi. On peut affirmer que la signification et les thèmes ésotériques du
Soufisme dans la culture populaire turque servent à combler une recherche
identitaire du lecteur turc. Les romans tels Bab-ı Esrar peuvent être considérés comme une
alternative potentielle de narration de la vie, de l'histoire sociale pour les
besoins de leurs lecteurs. C'est ainsi qu'on les désigne comme romans progressistes
: ils reconstruisent la mémoire du passé tout en influençant la compréhension
du présent. Résumé et traduction de l'article de Zeynep Tüfekçioğlu.
Tanzimat:1839, the Ottoman sultan Abdul-Mejid I initiates the Tanzimat (reform) of the Empire |
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