Turkey leaves no one indifferent.
The country is based on a specific socio-political infrastructure, a
construction built from historic and contemporary mobilities, often hidden or
neglected, whether it is out of habit of this factor in the social life, or a
political calculation of the elite and decision-makers.
The
three phases of Anatolia 'turkification' : According to many historians
and Turkish nationalists, Turkey was born on the 19th of august 1071, in the
night of one of the countless victories which history textbooks love, during
Malazgirt battle. Coming from Central Asia, the Seljuk chief Alparslan opens the doors for Turkmen that are going to
dwell throughout Anatolia. This wave of migrants is not quite the first one,
under Byzantine hegemony, if not Roman, the first Turkish speaking dwellers
infiltrated what will later become Turkey. As extreme right activists like to
remind it should however be noted that anachronism on the claim concept of
Turkish identity should be avoided.
Those dwellers could indeed be Hunnic, Pechenegs, proto-Bulgarians,
Cumans ...The first real alliances between Byzantines and Turks
litterally date from 572, when Byzantium tries to claw back Iran. The first
wave of Turkish settlement (oghuz) in
Anatolia follows takeover by Seljuqs and their nomads allies of Armenian and
Byzantine territories spread from Ararat to Aegean sea. Crusaders and medieval
travellers, as Marco Polo, already move through Turkish lands. The second wave
of migrants settlement follows the rise of the Gengiskhanide Mongol empire,
with the arrival of Moslim refugees from Transoxiana, of defeated military
contingents from Central Asia ... This new wave of migrants results arrival of
Mongols, Turkmens, Uighurs, Kurds, Persian people. The effective date of Ottoman
settlement in Anatolia is unknown but
often we know their tribal origin, (Kayï for Ottomans, Kïnïk for the Seljuqs).
The result of these two settlement waves which take up previous inheritance
(Arab Persian Islam, Persian and Ottoman empires) is a multiethnic and
multi-confessional vast empire sometimes comparable to Russian, Austro-Hungarian,
Mongol or Chinese empires. This empire, under Muslim Turkish domination,
provides a range of cultural, religious and economic autonomy for indigenous
that partially assimilate into the remains of an imperial origination which as
little to do with a 'nation' as in its current conception. The notion of millet - Muslim millet, Jewish millet,
Christian millet - was more of a link
to a religious community which step by step will take on an ethnic
connotation. The third wave of 'turkification' of the settlement starts officially in
1783 with the annexation of Crimea by Russia. It is paradoxical since it
consisted mainly of ethnically non-Turkish settlers but very attached to the
defense of Turkish identity (Bosnian and Caucasian). The Turkish speaking
(Tatars, Azeris, Kazakhs and Uighurs ...) demonstrated dynamism although few in
number. In total, around 7 400 000 refugees or returnees officially settled on
Ottoman territory, from 1771 to 1922 then Turkish from 1923 onto nowadays.
Refugees,
returnees or immigrants; vocabulary issue
In the usual Turkish language, the
categories, 'refugees' and 'returnees' often are the subject of confusion.
Turkish people will use muhacir,
mülteci, göçmen, for defining
populations who came to Turkey resulting from forced populations movements. For
its part public administration makes other distinctions on legal foundations
and with the setting of specific rights. It also uses discretionary powers that
make it possible to tolerate or to host certain ethnic groups without resorting
to the refugee status ( Iranian, Turkmen from Iraq, Bosnians).
Muhacir : (modern Turkish göçmen, the migrant) was applied to
refugees, returnees entering the Ottoman empire, to various populations
(Albanians, Macedonians, Bosnian Serb, Islamized Greeks) Tatars from Crimea,
Muslim Caucasians, some Turkish speaking (Nogay, Karacay, Balkars, Terekeme,
Azeris) some don't (Chechen, Cherkess). The right to integration has been
recognized as a collective title issued by both the Empire and the Republic. This regulation recognizes two
categories of immigrants iskân göçmen communities allowed to remain on
the national territory and serbest göçmen for the people allowed
on individual basis.
Mülteci : (modern Turkish sïghïnanlar,
asylum seekers) applies to asylum seekers sometimes non Muslims in transit for
a shorter or longer time. Commitment to integration in the Turkish community is
not recognized or this recognition takes effect on a discretionary and
individual basis.
Ali Demir - Turkish art |
http://books.openedition.org/irdeditions/6655
Les trois phases de turquisation de l’Anatolie : Pour nombre d’historiens et pour les nationalistes
turcs, la Turquie naît le 19 août 1071, au soir de l’une de ces innombrables
victoires décisives dont raffolent les manuels d’histoire, à la bataille de Malazgirt.
Venu d’Asie centrale, le chef seldjoukide Alparslan ouvre la porte aux tribus
turkmènes qui vont s’insinuer partout en Anatolie. Cette vague de migrants
n’est pas tout à fait la première, car sous l’hégémonie byzantine, voire
romaine, les premiers éléments turcophones, fédérés ou mercenaires, se sont
infiltrés dans ce qui sera plus tard la Turquie. Il convient pourtant d’éviter
tout anachronisme sur la prétendue notion d’identité turque qu’aiment à
rappeler les militants turcs d’extrême droite. Ces éléments pouvaient être
hunniques, pétchénègues, protobulgares, koumans… Les premières alliances
objectives entre Byzantins et Turcs au sens propre datent déjà de 572, lorsque
Byzance cherche à prendre à revers l’Iran. La première vague de peuplement turc
(oghuz) de l’Anatolie est donc consécutive à la prise de contrôle par
les Seljuks et leurs alliés nomades des territoires arméniens et byzantins
étendus de l’Ararat à la Mer Egée. Les Croisés ou les voyageurs médiévaux,
Marco Polo, entre autres, se déplacent déjà en pays turc. La deuxième vague de peuplement est consécutive à l’émergence de
l’empire mongol gengiskhanide, avec l’arrivée de réfugiés musulmans de
Transoxiane, de contingents militaires défaits en Asie centrale… Cette nouvelle
vague de migrations entraîne vers l’Occident des Mongols, des Turkmènes, des
Ouïgours, des Kurdes, des Persans… On ne connaît pas la date d’entrée des
Ottomans en Anatolie, bien que l’on connaisse souvent leur origine tribale
(Kayï pour les Ottomans, Kïnïk pour les Seldjoukides). La résultante de ces deux vagues de peuplement, qui en réalité
reprennent à leur compte les héritages précédents (Islam arabo-persan, empires
persan et byzantin), est un vaste empire pluriethnique et multiconfessionnel,
parfois comparable aux empires russe, austro-hongrois, voire mongol ou chinois.
Cet empire, sous domination turco-musulmane, ménage des plages d’autonomie
culturelle, religieuse et économique, aux autochtones qui ne se fondent que
partiellement dans ce qui reste une construction impériale et en aucun cas une
nation au sens occidental du terme. La notion de millet –millet musulman, millet chrétien,millet juif
– est avant tout celle d’une communauté religieuse qui petit à petit va prendre
une connotation ethnique. La troisième vague de turquisation du peuplement débute officiellement
en 1783 avec l’annexion de la Crimée par la Russie. Elle est paradoxale car
composée en grande partie d’éléments ethniquement non turcs, mais très attachés
à la défense de l’identité turque moderne (Bosniaques, Caucasiens, en
particulier). Les turcophones (Tatars, Azéris, Kazakhs, Ouïgours…) font preuve
d’un dynamisme particulier malgré leur nombre parfois réduit. Au total, environ
7 400 000 réfugiés ou rapatriés seront entrés officiellement en
territoire ottoman, de 1771 à 1922, puis turc, de 1923 à aujourd’hui.
Dans le vocabulaire turc courant, les catégories
« réfugié », « rapatrié » font souvent l’objet de
confusion. Le turc utilisera muhacir, mülteci, göçmen, pour définir
des populations venues en Turquie à la suite de déplacements forcés.
L’administration pour sa part opère d’autres distinctions, sur des bases
juridiques et l’établissement de droits spécifiques. Elle use également de
pouvoirs discrétionnaires permettant de tolérer ou d’accueillir certains
groupes sans passer par le statut de réfugié (Iraniens, Turkmènes irakiens,
Bosniaques…).
Muhacir (turc moderne : göçmen, le
migrant) était appliqué aux réfugiés, rapatriés entrant dans l’empire
ottoman, pour des populations très diverses : rapatriés des Balkans,
réfugiés musulmans des Balkans d’origines diverses (Albanais, Macédoniens,
Pomaks, Serbo-bosniaques, Grecs islamisés…), Tatars de Crimée, Caucasiens
musulmans, certains turcophones (Nogay, Karaçay, Balkars, Terekeme, Azéris…),
d’autres non (Tchétchènes, Tcherkesses…). Le droit à l’intégration leur a été
reconnu, à titre collectif, aussi bien par l’empire que par la république. La
réglementation reconnaît deux catégories d’immigrés : iskân göçmen,
pour les collectivités admises sur le territoire national, serbest
göçmen, pour les personnes accueillies à titre individuel. Mülteci (turc
moderne : sïghïnanlar, les demandeurs d’asile) s’applique
plutôt à des solliciteurs d’asile, parfois non musulmans, en transit pour un
temps plus ou moins long. La vocation à l’intégration dans la communauté turque
n’est pas reconnue ou cette reconnaissance, très rare, est opérée à titre
discrétionnaire et individuel.
1877 - Sumla, Turkish refugees |
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