8/26/2014

Anadolu'nun 'Türkleştirme'(2) - milliyetçilik, Pantürkizm, anti-komünizm - Paradoks : kesin Asya tarihçilik / Türk vatanın birlik

Turkification of anatolia(2)

The Turkish construction of the nation state is a recent phenomenon dated the first half of the XXth century. However the roots of the current Turkey turkification are even more ancient go back to the Middle Ages, back to the Crusades. Turkish history in High Asia and Central Asia, then in Anatolia, first nomads, Türke and Seljuq, Ottoman and finally republican is composed of multiple migratory  currents, among which refugees and displaced populations assumed a lead role.  Turkish Muslim refugees arrive during the declining period of the empire when conflicts with neighbouring countries and centrifugal crisis remained practically constant. During the XIXth century and at the beginning of the twentieth century, Muhacirs and refugees in general play an essential role in the nationalism construction and in the emergence of intellectual and political movements as Turkism, Panturkism, and Turanism. Among them Ali Hüseynzade, Ahmet Aghaoghlu, Yusuf Akçura, Abdurrashid Ibrahimov, Mehmet Emin Rasulzade, Mohamed Ayaz Ishakov, Fuad Tuktarov, Zeki Velidi Togan, Abdülkadir Inan…, as politicians, academics, journalists plaied an important role in the Turkish, Azeris, Tatars, Menchevik, Bolchevik and Kemalist revolutionary movements. Among published in Turkey literature during the years 1990 about indigenous and immigrant populations which met a new quest for an identity in a more liberal local context and a unstable international context, Sefer Berzeg (1990-1998) works, of Circassian origin attorney in Samsun and self-styled historian, can be seen as studies seeking to reinstate historical truth independent of official historiography. Turkish nationalism (Türk milliyetçilighi, Türkçülük) is strongly opposed to pan turkism (Türkçülük, Turancïlïk) during the construction of the republican nation state. Thus, if Turkey looks like a sanctuary for Russian origin activists, the country remains prudent or indeed hostile. Following the outbreak of kemalism, Russian elements will play but a little role at least until the years 1950, period of transition to multiparty rule when emblematic figures emerge as Alparslan Türkesh founder of the 'Grey Wolves' movement  (Ülkü Ocaklarï or Hearths of Ideal; « idealists », ülküciiler). This party sometimes forbidden, relives by various other names is generally known under its current name MHP (Milliyetçi Hareket Partisi - Nationalist Action Party). Some of their activists overtly collaborated with the Nazis or the Japanese in hopes of reoccupation of the lost territories in Caucasus, Crimea and Central Asia. In Turkey those activists are being watched and if they conduct groups and publish in journals (nationalist, pan turkist, anti-communist) officials never give them the freedom to cross limits than could cause diplomatic incidents. Turkestanians in Xinjiang (Uighurs and Kazaks) even when entered much later (for Kazaks after 1954) often belong to this political party. Most radical activists of anticommunism resurface in Alparslan Türkesh's party Milliyetçi Hareket Partisi  (Nationalist Action Party) and specifically among the young activists. The presence of refugees from Central Asia plays a disproportionate role to their small numbers. Indeed theirs associations and foundations have a close relation with American extreme right wing movements and secret services as CIA and related services (Radio Liberty, Radio Free Europe, linked to United States Information Agency, manager of Voice of America, until 1973, result of CIA). Immigrants are well integrated, while reaffirming their identity of origin, identity that allows political and economic class to reclaim regions of Balkan, Caucasus and Central Asia.                                                                                           The paradox resides in a definite Asian historiography associated to a substantiated statement of a European identity from Ottoman elites playing with both attachment to Turkey and their origins outside Anatolia. However, Turkish Muslim refugees descents integration in the nowadays Turkey is not an illusion. Quite the contrary, they are often groups of non-Turkish speaking peoples that shaped the destiny of the republic by placing emphasis on the unity of the Turkish people.  
La construction turque de l’État-nation est un phénomène récent, datant de la première moitié du xxe siècle. Cependant, les racines de la turquisation de l’actuelle république de Turquie sont bien plus anciennes et remontent au Moyen Âge, à l’époque des Croisades. L’histoire turque en Haute Asie et Asie centrale, puis en Anatolie, d’abord nomade, türke et seldjoukide, puis ottomane et enfin républicaine, est faite de multiples courants migratoires, parmi lesquels réfugiés et déplacés jouent un rôle de premier plan. Les réfugiés turco-musulmans arrivent dans la période de décadence de l’empire où conflits avec les voisins et révoltes centrifuges sont pratiquement constantes. Au xixe siècle et au début du xxe siècle, les Muhacirs et les réfugiés en général jouent un rôle éminent dans la construction du nationalisme et l’émergence de mouvements intellectuels et politiques comme le turquisme, le panturquisme ou le pantouranisme.  Parmi ceux-ci, Ali Hüseynzade, Ahmet Aghaoghlu, Yusuf Akçura, Abdurrashid Ibrahimov, Mehmet Emin Rasulzade, Mohamed Ayaz Ishakov, Fuad Tuktarov, Zeki Velidi Togan, Abdülkadir Inan…, ont joué comme politiciens, universitaires, éditorialistes, des rôles éminents dans les mouvements révolutionnaires turcs, azéris, tatars, menchevik, bolchevik, kémaliste. Parmi la nombreuse littérature éditée en Turquie durant les années 1990 sur les minorités autochtones ou immigrées, répondant à un besoin nouveau de recherche d’identité dans un contexte intérieur plus libéral et un contexte international très instable, les ouvrages de Sefer Berzeg (1990, 1998), avocat de Samsun, d’origine tcherkesse et historien à ses heures, peuvent être cités en exemple d’études cherchant à rétablir des vérités historiques indépendantes de l’historiographie officielle. Le nationalisme turc (Türk milliyetçilighi, Türkçülük) s’oppose très fortement au panturquisme (Türkçülük, Turancïlïk) durant la période de construction de l’État-nation républicain. Ainsi, si la Turquie apparaît comme un sanctuaire pour les militants d’origine soviétique, elle n’en reste pas moins prudente, voire hostile. Après l’apparition du kémalisme, les éléments d’origine soviétique vont jouer un rôle atténué au moins jusqu’aux années 1950, période du passage au multipartisme, où l’on voit naître la figure emblématique du colonel Alparslan Türkesh, fondateur du courant des « Loups Gris » (Ülkü Ocaklarï ou les Foyers de l’Idéal ; les militants se nommant « idéalistes », ülküciiler). Le parti, parfois interdit, renaissant sous d’autres dénominations, est généralement connu sous son nom actuel de MHP (Milliyetçi Hareket Partisi – Parti d’Action Nationaliste). Certains d’entre eux ont ouvertement collaboré avec les Nazis ou les Japonais dans l’espoir d’une reconquête des territoires perdus au Caucase, en Crimée ou en Asie Centrale. En Turquie, ces activistes sont néanmoins très surveillés et s’ils animent des associations et publient dans des revues militantes (nationalistes, panturquistes, anticommunistes), les autorités ne les laissent jamais dépasser les limites de ce qui pourrait occasionner des incidents diplomatiques. Les Turkestanais du Xinjiang (Ouïgours, Kazakhs), même entrés en Turquie plus tard (pour les Kazakhs après 1954) appartiennent souvent à ce parti. Les éléments les plus radicaux de l’anticommunisme refont surface en s’intégrant dans le nouveau parti d’Alparslan Türkesh, Milliyetçi Hareket Partisi (Parti d’Action Nationaliste), et en particulier dans les groupes de jeunes militants.    La présence des réfugiés d’origine centre asiatique joue un rôle sans commune mesure avec leur très faible nombre, en particulier par la relation qu’entretiennent leurs associations et fondations avec les mouvements d’extrême droite et les services américains de la CIA et connexes (Radio Liberty, Radio Free Europe, par exemple liées à l’United States Information Agency, gestionnaire de Voice of America, au départ et jusqu’en 1973, émanation de la CIA). Les immigrés sont aujourd’hui bien intégrés, tout en réaffirmant leur identité d’origine, identité qui permet par ailleurs à la classe politique comme à l’économie de réinvestir les régions musulmanes des Balkans, du Caucase, de l’Asie centrale. Le paradoxe est celui d’une historiographie résolument asiatique associée à l’affirmation appuyée d’une identité résolument européenne par des élites issues directement de l’empire ottoman, jouant à la fois de leur attachement à la Turquie et de leurs origines extérieures à l’Anatolie. Cependant, l’intégration des descendants des réfugiés turco-musulmans dans la nouvelle Turquie n’est pas une illusion. Bien au contraire, ce sont ces groupes, souvent non turcophones au départ qui ont pris en main les destinées de la république, en insistant sur l’unicité du peuple turc.

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