With the fall of the Soviet
Union in the early 1990s, a wave of migrants left Turkey for the newly
independent Turkish-speaking Central Asian republics with which the country had
strong cultural ties – Kazakhstan, Kyrgyzstan, Uzbekistan, Turkmenistan and
Tajikistan. As a result of this multiform movement, an important religious
message travelled in both directions, but especially from Turkey to the main
Central Asian cities. This article focuses on this message. Turkish migrants,
who were often missionaries, used commerce and cooperation initiatives in
education as two main tools to re-Islamise Central Asia. For many Turkish
Islamic movements, it was important to bring this region back into the fold
after over 70 years of domination by a Soviet government with a strongly
anti-religious policy. As part of this proselytizing, four key Turkish Islamic
movements became visible in Central Asia. The largest was undoubtedly that
founded by Said Nursi, whose disciples were active in sending Islamic
literature to Central Asia from 1990. One of Said Nursi’s disciples, Fethullah
Gülen, founded an extensive educational network, involving young instructors
from Anatolia who moved to different Central Asian cities. A second group, the
Suleymanci, named for its founder Suleyman Tunahan, used Turkish migration to
open several small madrasas in different Central Asian countries. Finally,
disciples of the Naqshbandiyya brotherhood, named after its founder Bahauddin
Naqshband, a 15th century mystic from Bukhara, also sent thousands of Turkish
migrants to the region to carry out missionary projects. After settling in
these Central Asian cities, Turkish migrants have had a significant effect on
Islam in the region. This is especially true in Turkmenistan, Kazakhstan and
Kyrgyzstan, which have excellent political relationships with Turkey. As a
result, many of these countries’ new religious elites have formed as a result
of cooperation with Turkish missionary movements and their disciples who
immigrated to Central Asia. Turkish migrants are not part of Turkey’s official
policy on religious cooperation with Central Asia. However, they support
Ankara’s diplomatic efforts in the region by indirectly creating a field of
influence in this Turkish-speaking region, which is of considerable importance
in Turkey’s new foreign policy. Bayram
Balci
Forte de ses liens de parenté
culturelle avec les Républiques turcophones d’Asie centrale – Kazakhstan,
Kirghizstan, Ouzbékistan, Turkménistan et Tadjikistan –, la Turquie a été le
point départ d’un important mouvement migratoire en direction de ces États à
partir du début de la décennie 1990, au moment où les États en question
recouvraient leur indépendance survenue avec la fin de l’Union soviétique.
Multiforme, cette migration a véhiculé un important message religieux, dans les
deux sens, mais surtout en provenance de Turquie et à destination des
principales villes d’Asie centrale. C’est le principal sujet d’investigation de
cette étude. Le commerce et la coopération éducative furent les principaux
outils déployés par les migrants turcs partis souvent en tant que missionnaires
pour ré-islamiser l’Asie centrale, que de nombreux mouvements islamiques turcs
jugeaient devoir être remise dans le giron de la civilisation islamique après
plus de soixante-dix ans d’une domination soviétique caractérisée par une
politique antireligieuse prononcée. Quatre principaux mouvements islamiques
turcs se sont fait remarquer en Asie centrale dans cette œuvre de prosélytisme.
Le plus important est sans conteste celui fondé par Sait Nursi dont les
disciples ont été très actifs dès 1990 dans l’envoi de littérature islamique en
Asie centrale. Par ailleurs, un disciple de Sait Nursi, Fethullah Gülen, a
fondé un vaste réseau éducatif animé par des jeunes éducateurs partis
d’Anatolie pour s’investir dans différentes villes d’Asie centrale. Une autre
mouvance, dite suleymanci, du nom de son fondateur Suleyman Tunahan, a, par le
biais de la migration turque, ouvert plusieurs petites madrasas dans divers
États d’Asie centrale. Enfin, des disciples de la confrérie dite
nakshibendiyya, du nom de son fondateur Bahaduddin Nakshibend, un mystique du
xve siècle originaire de Boukhara, ont également envoyé des milliers de
migrants turcs dans le cadre de plusieurs projets missionnaires. Amenée à
s’enraciner dans ses villes d’expatriation en Asie centrale, cette migration
turque a déjà très nettement marqué de son empreinte l’islam de ces pays, plus
particulièrement au Turkménistan, au Kazakhstan et au Kirghizstan qui ont
d’excellentes relations politiques avec la Turquie. Ainsi, bon nombre de
nouvelles élites religieuses dans ces pays ont été formées dans le cadre de la
coopération avec les mouvements missionnaires turcs et leurs disciples qui ont
immigré en Asie centrale. S’inscrivant en marge de la politique officielle
turque de coopération en matière religieuse avec les pays d’Asie centrale, les
migrants turcs n’en rendent pas moins un grand service à la diplomatie d’Ankara
dans la région en l’aidant indirectement à se constituer une sphère d’influence
dans cet espace turcophone qui occupe une place notable dans la nouvelle
politique extérieure de la Turquie. Bayram Balci
The defence of Samarkand citadel |