From cultural authenticity to tourist product
What is the nature of the process leading to
convert costume or dance into tourist promoting ? How do some cultures become
tourist products ? When working on the first tourist sites a team of
researchers reports on the importance of the gaze of the artist as well as of
the scientist. In order to have the sea and the mountain to become areas of tourist recreation, 'the sites need
to be invented, that is to say a different gaze towards them than the former prevalent
one until now with new meanings. Two glances have played an essential role, of
the scientist that streamlines the landscape and of the artist that esthetizes
it. The 'tourist implementation' of far and exotic destinations comes from
these very same glances: in the nineteenth century, painters and authors as
archeologists and historians make their contemporaries discover the East, in
1869, Egypt entered in the catalogue of the Thomas Cook agency (British
Transport Commission). The touristic valorization of regional or ethnic
cultures appeared as well at the nineteenth century, first in Europe then onto
the United States and the countries of the South. Demonstrations of regional
cultures and tourist advertisements describing the ways of life come from the
scientist gaze supported by the one of the artist. In order to understand the
way scientific knowledge (of the ethnologist, anthropologist or folklorist)
became the basis of a tourist product, we looked at the North as well as the
South and the settings of 'tourist implementation' are often alike as far as the tourist are from
the Western world. Ethnic discovery is not the root of tourism nor an
explanation to part of its progress in Bretagne region while ethnographic
literature has clearly transformed Dogon, Tuareg and Central Asia nomads in
'peoples to see'. A comparative study allows us to point out common
characteristics to develop a better understanding of how ethnographic knowledge
become a tourist product. In Bretagne
the Celtic myth has been used by tourism
stakeholders from the start of the second half of the nineteenth century, Bali
hosts the firs tourists in 1920 interested by the island and in French speaking
Louisiana 'folk production' and tourism development occurred at the same time.
In Africa, tourism appeared clearly only at the beginning of the year 1970's
and takes up the Touareg myth. While ethnographic knowledge makes progress,
tourist products do not involve scientific changes. Hence, the Celts that
nourished the myth are not the 'real' Celts archeologists work with. They are
historical ghosts with slippery and elusive characters. Whether they are officials responsible for
touristic development or private contractors, outside the region or not, all
tourism professionals have an essential role in the development of a scientist
know-how of touristic stereotypes. In
Bretagne, images from ethnographic literature are distributed as much by tour
guides, private contractors (restaurants, souvenirs shops, bed and breakfast
owners, etc) as by local politicians. One of the UNESCO's objectives is to
encourage ' the populations to create associations in order to redevelop
abandoned traditional practices so that the cultural characteristics of
villages will become tourist resources'.
In Bali, the State has been one of the leading players of the
appropriation by tourism of orientalist knowledge since the colonial era as
from 1967 when Suharto came to power. In Central Asia, since the USSR collapse,
very colorful figures of shamans perform 'magical dances' that will be used to
collect donations for an American pseudo-association of anthropology and
cultural technology. If tourism professionals play a major role in using images
from ethnographic literature, in this, three other types of actors do alike: artists,
activists for 'cultural forming identity' associations and emigrants. Because of his aesthetic intervention the
artist, what was of scientific interest worthy also become beautiful to look
at. Activists and emigrants have taken their culture identity up as well to
promote it as an image of tourist product. For touristic discovering of
different ways of life, of different so called ethnic or regional cultures, a
scholarly knowledge that of the ethnologist has at first built the otherness
making serve as a study field. For that otherness becomes tourist product other
actors of professionals of tourist sector need to intervene: artists,
professionals, activists and migrants. Résumé d'un article de Anne Gaugue.
An american tourist plays the role of the shaman |
Quel est le processus conduisant à faire du costume ou de
la danse un élément de promotion touristique ? Comment certaines cultures
deviennent-elles des produits touristiques ? Travaillant sur la naissance
des lieux touristiques, des chercheurs
rendent compte de l’importance du regard de l’artiste mais aussi de celui
du scientifique. Pour que la mer et la montagne deviennent des lieux de
recréation touristique, « il a fallu qu’ils soient inventés, c’est-à-dire
que soit porté sur eux un autre regard que celui qui dominait jusqu’alors et
qu’ils soient investis de nouvelles significations. Deux regards ont joué un
rôle essentiel, celui du scientifique qui rationalise le paysage, celui de
l’artiste qui l’esthétise. La mise en tourisme de contrées lointaines et
exotiques est issue de ces mêmes regards : au XIXe siècle, ce sont les
peintres et les écrivains mais aussi les archéologues et les historiens qui
font découvrir l’Orient à leurs contemporains, et en 1869, l’Égypte est
inscrite au catalogue de l’agence de voyage Cook. La valorisation touristique
des cultures dites régionales ou ethniques apparaît également au XIXe siècle,
d’abord en Europe, puis se diffuse au cours du XXe siècle aux États-Unis ainsi
que dans les pays du Sud. Démonstrations de cultures régionales et publicités
touristiques décrivant les modes de vie sont issues d’un regard, celui du
savant, relayé par celui de l’artiste. Pour comprendre la façon dont un savoir
scientifique (celui de l’ethnologue, de l’anthropologue ou du folkloriste
notamment) est devenu le support d’un produit touristique, nous nous sommes
appuyés sur des exemples du Nord comme du Sud et les ressorts de la mise en
tourisme sont souvent semblables, dès lors que les touristes sont
occidentaux. La découverte ethnique
n’est pas à l’origine du tourisme et n’explique qu’en partie son développement
en Bretagne alors que la littérature ethnographique a véritablement transformé
les Dogon, les Touareg, les nomades d'Asie Centrale en « peuples à
voir ». Une étude comparée nous permet cependant de faire ressortir des
caractéristiques communes et de mieux comprendre comment un savoir
ethnographique devient un produit touristique. En Bretagne, le mythe celtique
est utilisé par les acteurs du tourisme dès la seconde moitié du XIXe siècle,
Bali reçoit les premiers touristes attirés par la culture de l’île dans les
années 1920 et en Louisiane francophone, la production folklorique et le
développement du tourisme culturel ont lieu de façon presque concomitante. En
Afrique, le tourisme n’apparaît réellement qu’au début des années 1970 et
s’empare dès ses débuts du mythe touareg. Alors que les savoirs ethnographiques
évoluent, les produits touristiques n’intègrent pas les nouveautés
scientifiques. Ainsi ces Celtes qui « nourrissent le mythe ne sont en rien
les ’vrais’ Celtes sur lesquels travaillent les archéologues. Ce sont des
fantômes historiques à la personnalité fuyante et insaisissable ".
Des responsables des politiques touristiques aux entrepreneurs privés,
extérieurs ou non à la région, l’ensemble des professionnels du tourisme jouent
un rôle essentiel dans la transformation d’un savoir savant en stéréotypes
touristiques. En Bretagne, les images issues de la littérature ethnographique
sont diffusées tout autant par les guides touristiques, les entrepreneurs
privés (faïencerie, hôteliers soutenant l’organisation des fêtes folkloriques)
ou encore les collectivités locales, de la commune à la région. En Louisiane,
le développement d’un tourisme axé sur la découverte de la culture cadienne a
été activement soutenu par l’État ainsi que par des entrepreneurs privés
(restaurateurs, vendeurs de souvenirs, propriétaires de bed
and breakfast, etc.)
et des hommes politiques locaux. L’un des objectifs de l'UNESCO est
d’encourager « les populations à créer des associations remettant en
valeur des pratiques abandonnées, avec l’intention de transformer les
spécificités ’culturelles’ des villages en ressources touristiques ». À Bali, l’État a été l’un des principaux
acteurs de l’appropriation par le tourisme du savoir orientaliste, que ce soit
à l’époque coloniale ou depuis 1967, date de l’arrivée au pouvoir de Suharto.
En Asie Centrale, depuis l'effondrement de l'URSS, l'onirisme de shamans hauts
en couleurs, qui effectuent des danses 'magiques', servira pour récolter des
dons qui deviendront subventions pour une 'pseudo-association' anthropologique
américaine spécialisée en technologie culturelle . Si les professionnels du
tourisme jouent un rôle majeur dans l’utilisation touristique d’une image issue
de la littérature ethnographique, ils sont cependant aidés dans ce sens par
trois autres types d’acteurs : les artistes, les militants d’associations
« culturo-identitaires » et les émigrés. Grâce à l'intervention
esthétique de l'artiste, ce qui était digne d’intérêt d’un point de vue
scientifique devient également beau à voir. Militants régionalistes et émigrés
se sont également approprié l’image de leur culture issue de la littérature
ethnographique et ont favorisé son utilisation par le tourisme. Pour la découverte
touristique des modes de vie, des cultures dites ethniques ou régionales, c’est
un savoir savant, celui de l’ethnologue, qui dans un premier temps construit
l’altérité en en faisant un objet d’étude. Pour que l’altérité devienne produit
touristique, il faut également qu’interviennent d’autres acteurs, artistes,
professionnels du secteur touristique ou encore migrants et militants
régionalistes. Résumé d'un article de Anne Gaugue.
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