In the present study, I will try
to understand the role and the place of the body in the Shi’ite popular
religiosity, such as it is detectable in Afzâd, a little village of Kerman
region (Iran). Does the body represent an obstacle in the individuals’
spiritual life and in their relation to the divine world or, on the contrary,
is it of a great assistance?
In order to bring an answer, I
will begin by analysing the place of the body firstly in the villagers’
religious conceptions on Good and Bad, and secondly in their representations of
the other world. If the body does not seem to be in itself a source of sin, it
is touched by impurity, becoming a potential obstacle in the relation with the
divine, and because of that it will be necessary to study all the implications
of this notion. Finally, I will study how the body appears as an important
mediator, a fact recognizable firstly in the rituals linked with the Imams’
veneration, and more largely, in other many practices which reach their
culminant point in the numerous offerings, exchanges and ritual sharing of
food. The most expected counterparty is the healing of the body in illness.
When it occurs, this miraculous remedy is accompanied by a vision of the Imams
that appeares almost all the times in dreams. The importance of bodily contact
is clear ; the Imam generally appeares as a luminescent entity which puts
its hand on the sick part of the body, pulls on the hand of the sick personn to
remove her/him from the dark abyss where she/he is. Regardless the diversity of
the ritual, physical contact is at the heart of this healing process. The most
often expressed wish in case of disease, is the promise of the sacrifice of
animals, sheep most of the time, whose flesh will be circulated among
neighbours, poors and others one knows. These distributions of votive food have
beneficial effects on both the sick person as well as on those concerned by
this distribution who benefit from the holy nature of the sacrfied animal.
In conclusion, the body appears
to be in the core of the Shi’ite popular religiosity because it plays an
important role in the construction of the link with the divine, who may reflect
its role in the construction of the social bond, which is so prominent in the
little peasant society studied. Anne-Sophie
Vivier
Construction du lien social dans le chiisme populaire iranien
À travers cette
étude, nous aimerions essayer de comprendre le rôle et la place du corps dans
la religiosité populaire chiite, telle qu’elle se manifeste dans un petit
village de la région de Kermân, en Iran. Le corps représente-t-il un obstacle
dans la vie spirituelle de l’individu et dans la relation qu’il essaie
d’établir avec le divin, ou se révèle-t-il au contraire un adjuvant essentiel ?
Pour tenter
d’apporter une réponse, nous commencerons par analyser la place tenue par le
corps dans les conceptions religieuses des villageois concernant le bien et le
mal, puis dans leurs représentations de l’au-delà. Si le corps ne semble pas
être en soi générateur du péché, il est cependant marqué par l’impureté,
obstacle potentiel dans la relation au divin dont il sera donc nécessaire
d’étudier toutes les implications. Dans un dernier temps, nous étudierons
comment le corps apparaît même comme un médiateur d’importance, ce qui se manifeste d’abord dans les rites liés à la
vénération des Imâms mais plus largement aussi dans bien des pratiques qui
atteignent leur point culminant dans le foisonnement de dons, échanges, et partages
rituels de nourriture. La contrepartie le plus souvent attendue est la guérison
du corps malade. Celle-ci, lorsqu’elle a lieu, manifeste son aspect miraculeux
en s’accompagnant d’une vision des Imams, presque toujours apparue en rêve.
L’importance du contact corporel est manifeste ; l’imam apparaît en
général sous la forme d’un être lumineux qui vient passer sa main sur la partie
malade, tirer par la main la personne d’un sombre gouffre où elle se trouve
enfermée. Quelles que soient les variantes, le contact physique est bien au
cœur du processus de guérison. Le vœu auquel on a le plus souvent recours en
cas de maladie est la promesse du sacrifice d’un animal, mouton le plus
souvent, dont la chair sera distribuée aux plus pauvres comme aux voisins et
connaissances. Ces distributions de nourriture votive ne sont pas seulement
bénéfiques pour la personne désignée par le vœu, mais le sont aussi pour ceux
même qui en profitent matériellement en mangeant la chair de l’animal sacrifié.
Au sortir de cette
étude, le corps apparaît donc au centre de la religiosité populaire chiite, car
il joue un rôle principal dans la construction du lien avec le divin, ce qui
est peut-être le reflet de son rôle dans la construction du lien social, si
prégnant dans la petite société villageoise étudiée. Anne-Sophie Vivier
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