The idea of an Aryan
cradle in Central
Asia enabled some
Russian academic circles inspired by Slavophilism to argue the “non-colonial”
nature of Russian expansion by presenting it as the Aryans coming back to their
homeland. These discourses became politicized when the tsarist regime
established in Turkistan , and played an important role in several local
institutions located in Tashkent such as the Turkistan circle of archeology amateurs.
The Aryan myth origin comes from a
religious and scientific hypothesis: the Europeans might have a common origin
and their ancestors might have come from Asia during an epic
migration from Himalayan Highlands. In its first phase, the Aryan myth was a
mode of understanding the world and an attempt to gain more insight into the
reasons of the western colonial domination. Later researches endeavour to find
a geographical origin of the myth: the discovery of a so called Tocharian
language engraved on steles and manuscripts found in the middle of Chinese
Turkestan (Xinjiang) gives essential interest for a Central Asian cradle. Furthermore,
the Russian Aryan myth will be used as an ideology of colonisation since
researches on the Pamir and other places meant to be the homeland of Aryan peoples must
reconcile Slavophilism and Occidentalism into a broader unity, ariophilism (ariosofil’stvo).
The instrumental use of the Aryan referent in
colonial Russian speeches toward Central Asia is based on these arguments:
assertion from the conquered lands of political inability of autonomy; repeated
emphasis of internally ethnic diversity; divisions of colonised peoples as
allied (the Tajiks) and enemies (the Turkic peoples), and finally the justification
for the colonial presence as a fact following the natural course of events. Summary and translation of the article from Marlène Laruelle
Page de titre des Protocoles TKLA, Tachkent 1904 |
Le berceau
aryen : mythologie et idéologie au service de la colonisation du Turkestan
Cet article étudie le rôle joué par le mythe aryen dans les
discours de légitimation de la colonisation russe du Turkestan. L’idée d’un
berceau aryen en Asie centrale a permis à des milieux intellectuels russes
inspirés du slavophilisme de mener une réflexion sur la nature « non
coloniale » de l’expansion russe en la présentant comme le simple retour
des Aryens dans leur patrie. Ces discours se sont politisés au fur et à mesure
de l’installation du pouvoir russe au Turkestan et ont joué un rôle important
dans certaines institutions locales basées à Tachkent comme le Cercle
d’amateurs d’archéologie du Turkestan.
Le mythe aryen est né d’une hypothèse à la fois scientifique
et religieuse : les Européens auraient une origine commune et leurs
ancêtres seraient venus d’Asie dans une migration épique depuis les hauts
plateaux himalayens. Dans sa première
phase, le mythe aryen fut avant tout un mode de lecture du monde et une
tentative de comprendre les raisons de la domination coloniale occidentale. Ensuite
les recherches vont tenter de définir l’origine géographique du mythe : la
découverte d’une langue dite tokharienne inscrite sur des stèles et des
manuscrits trouvés au cœur du Turkestan chinois (Xinjiang) joue bien évidemment
en faveur du berceau centrasiatique. Plus tard, le mythe aryen russe sert une
idéologie de la colonisation puisque les recherches sur le Pamir et les autres
lieux supposés de la patrie générale des peuples aryens doivent réconcilier le
slavophilisme et l’occidentalisme dans une unité supérieure, l’ariophilie (ariosofil’stvo).
L’instrumentalisation du référent aryen dans les discours
coloniaux russes envers l’Asie centrale repose sur ces arguments :
affirmation de l’incapacité politique de la zone conquise à se gérer
seule ; insistance sur sa diversité ethnique interne, son manque d’unité
et de conscience de soi ; division des colonisés en alliés (les Tadjiks)
et en ennemis (les Turks), et enfin, la justification de la présence coloniale
comme un événement répondant au cours naturel des choses.
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