Controlling
the Body according to Sufi Textbooks (10th-14th centuries)- Eve Feuillebois-Pierunek
The mastery of the body contributes to
the struggle against the self and to the spiritual achievement. In the studied
works, addressed to a growing population often organized as informal
communities or regular orders, asceticism is replaced by a savoir-vivre which
sanctifies the deeds of everyday life. The paper studies the rules affecting
the satisfaction of elementary needs (food, sleep, cloth), and marriage or
celibacy. The sources stress the necessity of an harmony between inner life and
external behaviour, although spiritual achievement finally frees the man from
voluntary effort.
There is a coincidence between the
spiritual status and the daily actions: the Sufi’s public behaviour must match
the experiences of his inner life when conversely his most trivial actions
impact his inner experience. Failing to follow the established rules generates
a stigma of faith. Therefore daily life actions are regulated. Food as most
often shared in common among others is at the origin of most texts with no
doubt because of its strong social component. Different sorts of asceticism go
hand in hand and are mutually supportive: evening-wake or celibacy require a
perfectly correct feed. Lastly, passive purification, a gift of God, is
considered as superior to active purification since then willingness plays a
major role. But the Sufi precisely struggles to wipe out his own willingness in
order to receive only God in his inner self. When he reaches this spiritual
accomplishment, he becomes, as to the extension of the image of God, free from
any earthly pressure. No matter if he mortifies himself or leads a normal life.
Whatever he then does, he is in God.
La maîtrise du corps
d’après les manuels de soufisme (xe-xive siècles)- Eve Feuillebois-Pierunek
La
maîtrise du corps contribue à la lutte contre soi et à la réalisation
spirituelle. Dans les ouvrages étudiés destinés à une population croissante et
de plus en plus souvent organisée en communauté, les exploits ascétiques sont
remplacés par un savoir-vivre qui sanctifie les actes de la vie quotidienne.
L'article examine les règles qui régissent la satisfaction des besoins
matériels essentiels (nourriture, sommeil, vêtement), ainsi que le mariage et
le célibat. Les sources insistent sur la nécessité d'une coïncidence entre
l'état intérieur et le comportement extérieur, mais la réalisation spirituelle
place finalement l'homme au-dessus de l'effort volontaire.
Il
y a coïncidence entre l’état spirituel et les conduites quotidiennes : le
comportement public du soufi doit correspondre à ce qu’il vit intérieurement,
et inversement ses actes les plus banals influent sur son expérience
intérieure. Le moindre manquement aux règles du savoir-vivre engendre donc une
tare dans la foi. C’est pourquoi les actes de la vie quotidienne sont
réglementés. C’est la nourriture, souvent prise en commun, qui a inspiré le
plus grand nombre de textes, sans doute à cause de sa forte dimension sociale. Les
différents types d’ascèse vont de pair et s’épaulent mutuellement : la veille
ou le célibat ne se conçoivent pas sans une alimentation adaptée. Enfin la
purification passive, don de Dieu, est considérée comme supérieure à la
purification active où la volonté propre joue un rôle décisif. Or le soufi
lutte précisément pour anéantir la volonté propre, afin que Dieu seul veille en
lui. Lorsqu’il parvient à la réalisation spirituelle, il devient, à l’image de
Dieu, libre de toute contrainte terrestre. Peu importe alors qu’il se mortifie
ou mène une vie normale. Quoi qu’il fasse, il est en Dieu.
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