SOCIAL ANTHROPOLOGY IN
MODERN SOCIETY
I take as my point of departure something
that seems to me an achievement and at the same time presents a major
difficulty for our discipline: in the course of its prolonged development,
modern ideology, by making the individual (the autonomous subject) the ultimate
value has rendered society itself less and less imaginable. Ever since the
Middle Ages, and most notably since the Enlightenment, society, experienced and
understood as a whole, has been gradually and continuously devalued, if not
completely obliterated. The conclusion of this slow progression is that society
is now considered as a simple collection of individuals, a ‘pile of sand’.
Is it not tempting for us moderns, who
place the ultimate value on the individual, who revere the Human Rights and
defend them as our dearest homeland, and who consider that our predilection is
founded in reason and has been crowned by a certain success in the West, in the
East and even in the far East, to use this ideology and its foundations as
tools –held to be superior to all others, even scientifically- for describing
societies in general and often, alas, disposing of them to our liking ?
But one may ask oneself, at a more
fundamental level, whether being human does not imply belonging to a community.
Without doubt, the defence of the Human Rights may lead one to see a danger in
a vision of societies as coherent totalities, which in the final may be
adjudged oppressive. But is a reverence for the rights of the human person truly
incompatible with a judgement that societies also deserve respect? To refuse
them such respect means spurning all differences, all specific cultural
identities. What is worse, the refusal to take into account this communal
social dimension inherent in the human condition, far from offering protection
against totalitarian deviations, may lead to them. The intention to recognize
only individuals often assumes the character of destructive mania. On the
contrary, a sense of belonging to humanity as a whole and of slowly
constructing the basis of a planetary society often draws greater impetus and
force from a prior affirmation of specific local identities which, once
consolidated, become supports for the emergence of a supplementary identity on
a larger scale. Daniel de Coppet
ANTHROPOLOGIE SOCIALE
ET SOCIETE MODERNE
Je
prendrai comme point de départ quelque chose qui m’apparaît une conception
incontournable d’autant qu’elle présente une difficulté majeure dans notre
discipline : au cours de sa longue évolution, l’idéologie moderne en
faisant de l’individu (sujet autonome) sa valeur ultime a rendu la société en
tant que telle de moins en moins concevable. Depuis le Moyen Age, et en
particulier depuis le siècle des Lumières, la société vécue et comprise comme
un tout, s’est graduellement et continuellement dévaluée sinon totalement
réduite à néant. La conclusion de cette lente progression est que la société se
représente désormais comme une simple collection d’individus, ‘un tas de grains
de sable’.
N’est-il
pas tentant pour nous modernes, qui plaçons la valeur ultime dans l’individu,
qui vénérons les Droits de l’ Homme et les défendons comme notre propre pays,
qui pensons que nos préférences sont fondées sur la raison ce qui a été
couronné de succès en Occident, en Orient voir en Extrême Orient, d’utiliser
cette idéologie et ses fondements comme les outils – censés être supérieurs aux
autres, même scientifiquement – pour décrire une société et souvent, hélas, en
disposer selon nos préférences ?
On
doit pourtant se demander, à un niveau plus fondamental, si être un humain ne
signifie pas simplement appartenir à une communauté. Sans aucun doute, la
protection des droits de l’homme peut conduire à entrevoir un danger dans la
manière de concevoir les sociétés en tant que totalités cohérentes, danger
finalement perçu comme opprimant. Mais la révérence pour les droits de l’homme
est-elle réellement incompatible avec ce jugement qui veut que les sociétés en
tant que telles, elles aussi méritent le respect ? Leur refuser un tel respect
suppose le rejet des différences, des identités culturelles spécifiques. Pire
encore, le refus de prendre en compte la dimension sociale commune inhérente à
la condition humaine, loin d’offrir une protection contre les tentations
totalitaires, peut les engendrer. L’intention de ne voir que les individus
seuls présume les caractéristiques d’une folie destructrice. Au contraire, le
sentiment d’appartenir à l’humanité, en tant qu’un tout et de lentement
construire les fondations d’une société planétaire, offre souvent un regain et
une force fondés sur l’acceptation préalable des identités locales spécifiques
qui consolidées deviennent les soutiens d’une identité supplémentaire sur un
niveau plus étendu. . Daniel de Coppet
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