Shadows
of ancestors – The flow from
generation to generation, as the soul of genealogy was often thought
as a measure of time; through it, the Middle Ages also found the mean
of understanding the motion and drift of time. Yet, it did not only
stick to describe with words the time series or
the kinship ties with their perceptible flow of the years; it has
projected those in a two-dimensional space. For is it possible to
think of time and not spatialise it? As in
many other cultures, the medieval clerics had to face the problem of
organising in a real space – wall, papyrus scroll or parchment,
codex sheet – the
partition of individuals in genealogies trickled down the
generations,. Another problem was to suggest the set of reciprocal
relationships in order to make the temporariness that gather them all
perceptible. For the medieval clerics, deep political and
intellectual thresholds interfered with and clouded the transmission
of the perception of continuity; thus the legacy of Rome can be
guessed more than measured. The
treatment of how the
Ancients
conceived the projection of
time in space is the option selected as to its forms – ritual,
symbolic, intellectual. Indeed their ways of orientation in space,
the method of dividing and articulate space underlie their
representations of time. Also words, concepts and values that tied
recurrent ideas will be examined in the perspective of this imaginary
world in which medieval artists and thinkers drew their inspiration.
The
projection of genealogical time in space has built upon, in Latin
civilisation, not only in comparison to the
past but also upon
techniques of dividing space in this specific culture. The real
genealogies and the theorising of kinship ties valid under law linked
to very concrete social practices have been translated in images that
had been, at one moment or another of their history, designated by
stemmata.
The patrician families' atria
(sing. Atrium) of Rome were conservatories for the family glories.
One could see, against the walls, armaria
wooden boxes, often shaped like small temples, topped with a tympanum
and protected by doors. Each sheltered a portrait of
a deceased that held a curule office. During ceremonies, cabinets
were opened and these imagines
were crowned, these portraits of ancestors were the same as those
worn during the funerals of gens
members;
they
were extracted from the private family home. Parents or friends,
later appointed histrions, marched in the funeral procession where
they publicly mimic the deceased ancestors after they put on the
waxed masks and the cloths corresponding to the highest positions
filled by their prestigious ancestors. Atria
walls
of the patrician dwelling vestibule were also decorated with other
figures that bear a mystery; through texts we know that the wall
surface of the atrium carried what the Romans called stemmata.
The plural of the Greek word stemma
that meant strips,
interlacing or crown was the decoration of an ancestor image and
constituted the key element to Roman genealogies; deriving from this
meaning it became the genealogical chart and the noble heritage to a
family. The stemmata
images
were also painted on the atrium or the fresco hallway walls. These
portraits linked to each other with ribbons or lines, or organized in
series marked by binder scores could have represented the shape of an
autonomous genealogy. Is
the representation of Roman genealogies closer to a network of lines
running between portraits or connected to names or name lists? In the
atrium's stemmata,
the ancestor founder of the family specificity, the princeps
nobilitatis,
was
certainly placed at the highest level. The whole organisation ranged
his descents under him as it allowed a further lateral grouping. The
link ribbons between names or images also ought to reach back the
wife's ancestors who, through the alliance brought her forebears wax
and thus introduced their name and their painted images in her
husband's ancestors cluster. The patrician atrium genealogy connected
the symbols of the deceased and established the path of various
kinships; giving a position to the relatives by marriage and to the
cognates. Rome did not have any other genealogical memory than that
of images, this very political memory was necessarily selective or
fictional.
Thus,
the Roman aristocracy stemmata
were made of two fundamental elements: the manes of the ancestors (or
the portraits) linked to each other by supple lines of which the
tangle, with no doubt often confusing, was organised top-down form a
distant ancestor to more recent generations. The Middle Ages gathered
theses antique traditions echoes.
L'ombre
des ancêtres – La succession
des générations qui est
l'âme de la généalogie a
souvent été prise pour une mesure du temps; le Moyen-Age y a vu lui
aussi le moyen de saisir le glissement du temps. Mais il ne s'en est
pas tenu à dire par des mots la série chronologique ou les liens de
filiation par où le passage des années devenait sensible ; il
les a projetés dans un espace à deux dimensions. Car peut-on penser
le temps sans le spatialiser ? Comme bien d'autres cultures, les
clercs médiévaux ont dû affronter le problème d'organiser dans un
espace réel – mur, rouleau de papyrus ou de parchemin, feuille de
codex – les positions d'individus particuliers égrenées au fil
des générations, suggérer leurs relations réciproques afin de
rendre perceptible la temporalité qui les englobe. De profondes
césures politiques et intellectuelles ont brouillé la transmission
et obscurci chez les clercs médiévaux la perception de la
continuité ; aussi l'héritage qu'ils ont reçu de Rome se
devine-t-il plutôt qu'il ne se laisse mesurer. La manière dont les
Anciens concevaient la projection du temps dans l'espace sera
retenue, ainsi que les formes – rituelles, symboliques,
intellectuelles – qu'ils lui ont données. C'est qu'en effet leurs
manières de s'orienter dans l'espace, de le découper et de
l'articuler sous-tendent leurs représentations du temps. Des mots
aussi, des concepts et des valeurs, que reliaient des associations
d'idées récurrentes, seront examinés dans un imaginaire où les
penseurs et artistes médiévaux iront puiser.
La
projection du temps généalogique dans l'espace s'est appuyée, dans
la civilisation latine, non seulement sur un rapport au passé
spécifique, mais sur des techniques de découpage de l'espace
propres à cette culture. Les
généalogies réelles, mais aussi la théorisation des liens de
parenté valables en droit, également liées à des pratiques
sociales très concrètes , ont été traduites par des images qu'à
un moment ou à un autre de leur longue histoire on a désignées par
stemmata.
Les atria des
familles patriciennes de Rome faisaient office de conservatoire des
gloires familiales. On
y voyait, installés contre les murs, des armaria
ou casiers de bois, souvent en forme de petits temples, coiffés d'un
tympan et fermés par des portes. Ils contenaient chacun le portrait
d'un défunt ayant exercé par le passé une fonction curule. Au
cours des fêtes, on ouvrait les armoires et on ornait ces imagines
d'une couronne, ces portraits d'ancêtres étaient les masques mêmes
portés à l'occasion des funérailles d'un membre de la gens ;
on les extrayait alors du dépôt familial et de la demeure privée.
Des parent ou des amis, plus tard des histrions appointés,
défilaient dans le cortège funèbre où ils représentaient
publiquement les ancêtres du défunt après avoir revêtu ces
masques de cire et les vêtements correspondant aux plus hautes
charges occupés par ces aïeux. Les murs des atria
ou du vestibule de la demeure patricienne s'ornaient
d'autres figures qui gardent un certain mystère ; c'est par des
textes que
nous savons comment la surface des parois de l'atrium, comportaient
ce que les Romains appelaient justement les stemmata.
Ce pluriel du mot grec stemma,
qui signifiait la bandelette, l'entrelacs ou la couronne qui décorait
l'image d'un ancêtre, constituait aussi l'élément clef des
généalogies romaines ; par dérivation il en vint à désigner
le tableau généalogique et la noblesse d'une famille. Il semble que
les images des stemmata
aient été peintes sur les parois de l'atrium ou du vestibule à
fresque. Ces portraits, reliés les uns aux autres par des lignes ou
rubans, ou ordonnés eux-mêmes
en séries que soulignaient des traits de liaison, auraient alors
constitué la matière d'une représentation généalogique autonome.
Doit-on se représenter la généalogie romaine comme un réseau de
lignes courant entre les portraits, ou plutôt entre des noms ou des
listes de noms ? Dans
les stemmata de
l'atrium, l'ancêtre
fondateur de la distinction familiale, le princeps
nobilitatis,
était, semble-t-il, placé au plus haut. L'organisation générale
étageait probablement au-dessous de lui ses descendants et
autorisait un développement latéral. Les rubans de liaison entre
noms ou images devaient aussi permettre de remonter aux ancêtres des
épouses qui, à leur mariage, apportaient les cires de leur aïeux
et introduisaient sans doute leurs noms ou leurs images peintes dans
la série des ancêtres de leurs maris. La généalogie d'un atrium
patricien reliait entre eux les symboles d'individus défunts et
établissait le parcours par lequel étaient passées les différentes
filiations ; en donnant une place à des affins et des cognats
remarquables introduits par les alliances. Rome ne connaissait pas
d'autre mémoire généalogique que celle des images, et cette
mémoire, toute politique était nécessairement sélective voire
'fictive'.
Ainsi
les stemmata
de l'aristocratie romaine se composaient de deux éléments
fondamentaux : les noms des ancêtres (ou les portraits) reliés
entre eux par des lignes souples dont l'écheveau, sans doute assez
embrouillé, s'organisait de haut en bas depuis un ancêtre éloigné
jusqu'aux générations plus récentes. Le Moyen-Age a pu recueillir
les échos de ces traditions antiques.
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