The
symbolic system of the 15th century
– In order to understand
the formation of the 15th
century symbolic system in Europe, there is no need to seek the most
widely used elements
by the system creators in
the genesis of history of
art, but rather the
usual value assigned to the whole network of signs used in the
Western world. Of course, those signs did not recall notions of
nature, even if art
displayed a certain sense of realism and an expanded illusionism.
Elements purloining
realistic concepts always involve in systems that provide coherence;
the latter
only depending on the
recognition of certain rules
and truths witnessing the
spectacle of daily life. Experienced stages towards a universal
rational representation were necessarily medieval – where visual
and invisible symbolism founded itself – then from the Renaissance
– witnessing the discovery of the 'proper' space involving a
correspondence between mathematical principles and the physical law
of the universe. Thus the Middle-Age would
have discovered the necessary reference to an absolute sense of time
and the Renaissance the no less necessary reference to the physical
reality of this space. Remaining in the perspective of theoretical
space-time, we can show that an analytical study is possible, not of
the elements, but the systems of integration controlled by the double
concern of place and time. Just
as the surveyor proceeds without calling into question, at all stages
of his line of argument, the basic elements of the system: point,
lines, figures. Likewise the linguist differentiates phonetics from
structural analysis of the language.
The
idea of the existence of human life and community life cycles based
on the regular motion of the solar system is a last trace of our 21st
century magic astrological concepts originating in the Middle-Age
still alive among us in the form of deep reveries. In fact, the
movement of ideas resulting
in and appearing during the Renaissance shows a world that did not
slowly crawl in the foreknowledge of its own fall. At the end of the
14th
century, the medieval world was not only a very living world but also
creating. For example, the 14th
century witnessed the evolution of the cycle of thoughts that paved
the way of the Quattrocento humanism, the rise of a modern approach
in the field of science. In arts, it was not a question of a
non-renewable aesthetic movement, but in the contrary a
formal, rapidly growing
realm. Two main centers gave directions to the movement of aesthetic
ideas: one the one hand, in the North, the Houses from princely
dynasties of France, on the other, in Italy, commercial and other
cities strive to avoid Byzantium and Rome. In the traditional
perspective of arts, we use to give the absolute priority to the
Italian domain because we felt as if the modern world came from
there, less owing to a patient effort facing the deepening of
cultural knowledge than to the sudden discovery, at the Quattrocento,
of a rational symbolic solution that deleted, so
to say, all the efforts of earlier generations, for it was per se,
the real standard of all objective view of the world. In
Italy, the great conquest
was to learn Giotto's way of painting established as opposed to
Byzantine tradition based on
the foundation of imitating nature. Assuming the innovative nature of
the 14th
century and its poles of
activity, we can provide a new perspective to the problem of the
symbolic space-time evolution, a complex figurative code generator
where systems within which the problems of the people of the North
and those of Tuscan people meet each other. This new perspective was
not orientated towards the foreshadowing of a sudden invention
bringing men in the absolute truth of a normative image forgotten
since Antiquity. Giotto's efforts to push the limits of space-time
are not for figurative reasons but rather intellectual and sensitive.
As for Byzance, painting is intended for the materialization of a
certain space dimensions of which all aspects are determined by the
divine law. The universe was the transcription of the thought of God.
Any space was real in that pictured space and the space where we
dwell are identical to each other and to the universe. When the
byzantine painter decorated a church, he arranged the signs following
the order of the
supernatural organization of the world. All that exists is the Word.
Painting is an initiation, an introduction to the conceptual reality;
invention is limited, because the image, the icon is a reduction of
the pattern constituted modes by which the episodes of the legend
indicates the absolute
truth.
Jan van Eyck |
Système
figuratif au 15ème siècle –
Pour comprendre comment un système figuratif s'est constitué en
Europe au 15ème siècle, il faut chercher non dans la genèse
absolue des éléments les plus couramment utilisés par les
créateurs du système, mais la valeur usuelle qu'on attribuait aux
environs de 1400 à l'ensemble des signes en usage dans le monde
occidental. Naturellement, ces signes ne renvoyaient pas à la
nature. Non que l'art n'ait fait preuve d'un réalisme et d'un
illusionnisme développés. Mais les éléments d'emprunt au réel
s'organisent toujours dans des systèmes qui n'offrent de cohérence
qu'une fois admises certaines règles de vérité impliquant
référence à des lieux et à des temps différents de ce que nous
offre le spectacle de la vie quotidienne. Les étapes parcourues vers
une représentation rationnelle de l'univers ont été nécessairement
celle du Moyen-Age – où s'est fondé le symbolisme du visuel et de
l'invisible – puis celle de la Renaissance – où s'est découverte
la construction 'correcte' d'un espace impliquant une concordance
entre les principes mathématiques et la loi physique de l'univers.
Ainsi, le Moyen-Age aurait découvert la référence nécessaire à
un absolu du temps, et la Renaissance la référence aussi nécessaire
à la réalité physique de l'espace. En restant dans la perspective
de l'espace-temps théorique, nous montrerons comment est possible
une étude analytique, non des éléments, mais des systèmes
d'intégration commandés par le double souci du lieu et du temps.
Tout comme le géomètre procède sans remettre en cause à chaque
étape de son raisonnement les éléments de base du système :
point, ligne, figures. De
même le linguiste distingue la phonétique de l'analyse structurale
de la langue.
L'idée
qu'il existe des cycles de la vie humaine et de la vie des sociétés
calqués sur le mouvement régulier du système solaire est une
dernière trace dans notre 21ème siècle des concepts
magico-astrologiques du Moyen-Age lui-même, encore vivant parmi nous
dans plusieurs formes spontanées de nos rêveries. En réalité,
lorsque le mouvement d'idées qui a abouti à la Renaissance est
apparu, le monde ne se traînait pas de langueur dans
la prescience de son déclin. Le monde médiéval était, non
seulement, bien vivant à la fin du 14ème siècle , mais créateur.
Le 14ème siècle a vu se développer par exemple, tout le cycle de
pensée qui a préparé l'humanisme du Quattrocento, l'essor d'une
pensée moderne dans le domaine de la science. Dans le domaine
artistique, il ne s'agit pas d'un courant esthétique qui s'épuise,
mais au contraire d'un univers formel en plein essor. Deux centres
principaux orientent le mouvement des idées esthétiques :
d'une part dans le Nord, les cours princières issues de la Maison de
France, et d'autre part, en Italie, les villes commerçantes et les
cités qui s'efforcent de se soustraire à la tradition trop rigide
de Rome ou de Byzance. Dans la perspective traditionnelle des arts,
on a coutume d'accorder la priorité absolue au domaine italien parce
qu'on a eu le sentiment que de lui était sorti tout armé le monde
moderne, moins par suite d'un patient effort d'approfondissement de
la culture que grâce à la découverte soudain, au Quattrocento,
d'une solution figurative rationnelle qui annulait pour ainsi dire
tous les efforts des générations précédentes car il constituait
en soi la norme véritable de toute vision objective du monde. En
Italie, la grande conquête a été celle du giottisme dont on a vite
dit qu'il se constituait par opposition à la tradition byzantine sur
la base de l'imitation de la nature. Si l'on admet ainsi le caractère
novateur du 14ème siècle et la qualité de ses pôles d'activité,
on replacera le problème du développement de l'espace-temps
figuratif dans une perspective nouvelle, non pas comme orientée vers
la préfiguration d'un invention brusque ramenant les hommes dans la
vérité absolue d'une forme de vision normative oubliée depuis
l'Antiquité et soudain retrouvée, mais comme génératrice d'un
code figuratif complexe, où se sont finalement rencontrés des
systèmes issus aussi bien de la problématique des gens du Nord que
de celle des Toscans. Ce ne sont pas des raisons purement figurative
qui on poussé Giotto à renouveler l'espace-temps de sa peinture,
mais des raisons intellectuelles et sensibles. Pour Byzance la
peinture est destinée à matérialiser les dimensions d'un espace
dont toutes les qualités sont déterminées par la loi divine.
L'univers est l'actualisation de la pensée de Dieu. Tout espace est
réel, en ce sens que l'espace représenté et l'espace où nous
sommes sont identiques entre eux et avec l'univers. Lorsque le
peintre byzantin décore une église, il dispose les signes dans un
ordre qui reproduit la disposition surnaturelle du monde ».
Seul existe le Verbe. La peinture est initiation, introduction au
réel conceptuel ; l'invention est limitée, puisque l'image,
l'icône, est une réduction du prototype que constituent les
épisodes d'une légende révélatrice d'un ordre absolu.
Giotto |