Embodying the universe JDM Platenkamp
In a small village called Paca, in the eastern Indonesian island of Halmahera. A young mother sends a message to a healer (he should remain anonymous, so let us call him Koyoba, ‘Fisheagle’) imploring him to come to her house. Her infant daughter suffers from diarrhoea, has vomited all night and been crying continuously.
I am in the fourteenth month of my anthropological research among the Tobelo people and for the last three months, Koyoba and other male and female healers have been teaching me how to cure illnesses. So far, their instructions have consisted of writing down incantations, of learning about spirits and ancestors and of me taking medicines that would facilitate ‘the entrance’ of that shamanic knowledge into my ‘awareness’. This is the first time I am allowed to accompany Koyoba on his visit to a patient and observe how he applies his knowledge in actual practice. After Koyoba has examined the infant, paying particular attention to the colour of its eyes and fingernails, he sets his diagnosis.]...] The spirit wants to eat the image of the child; if he succeeds the child will die.
Thereupon Koyoba administers his treatment. First he prepares a medicine from a piece of ginger root and a bit of coconut oil. He takes these ingredients into his mouth, chews on them and spits bits of them onto the fontanel and under the armpits of the infant. These spots, he explains, are the body’s openings, through which the spirit has entered the child’s body, and through these he shall force it to leave it again. Then he prepares a second medicine. It consists of some leaves and small pieces of bark that he had collected earlier from three different tree species. Parts of these ingredients he wraps into a white cloth, dips the bundle into a bowl of hot water and utters this incantation over it:
Your body is ill , Your body is not ill
Your veins, I heal your veins
Your bones, I heal your bones
Your life, I return your life to you
Your body is not ill, Your body is beautiful, Let it return to it former state of being.
He then pours the water into the infant’s mouth. Finally he ties some of the remaining leaves and bark cuttings onto the joint cavities of the infant’s arms and legs and instructs the mother, not to give it certain fish species to eat. Later the mother will reward Koyoba with a bush knife and a small sum of money.
]…]Common sense discourses often label such modes of thought and action ‘magic’, and for more that a century social anthropologists have sought to account for such phenomena. Some argued that it would testify of an insufficient knowledge of the physiological processes, which determine health and illness.
]…] But are these peoples indeed incapable to draw the proper logical conclusions from the regularities in nature, to which they are exposed? For thousands of years numerous societies in the world have been hunting, fishing, breeding cattle and cultivating food plants. Precisely in the absence of modern technologies a detailed knowledge, generated by the repeated and precise observation of the processes of plant growth and reproduction, of animal behaviour, soil quality, climatic phenomena and so forth, has been a necessary condition of human survival. TO BE CONTINUED…
L’incarnation de l’univers JDM Platenkamp
Dans le village de Paca sur l’île orientale indonésienne d’Halmahera, une jeune mère envoie un message au guérisseur (il doit rester anonyme aussi nous l’appellerons koyoba, ‘Poisson aigle’) l’implorant de venir chez elle. Sa fille souffrait de diarrhée, avait vomit toute la nuit et pleurait sans arrêt.
C’est mon quatorzième mois de terrain chez les Tobelo et Koyoba et autres guérisseurs et guérisseuses m’ont transmis l’art de la guérison. Pour l’instant les conseils se résument à des incantations, à l’initiation aux esprits et ancêtres et à prendre des remèdes qui faciliteront ‘ l’assimilation de cette connaissance du chamanisme par ma conscience occidentale’. C’est la première fois qu’on me permet d’accompagner Koyoba au cours d’une visite à un patient et d’observer la mise en pratique de ses connaissances.
Après avoir examiné l’enfant, en scrutant soigneusement la couleur de ses yeux et de ses ongles, son diagnostique était établi. L’esprit veut manger l’image de l’enfant, s’il y parvient l’enfant mourra. A la suite de quoi Koyoba administre son traitement. Il prépare un médicament à base de racine de gingembre et d’huile de noix de coco, met les ingrédients dans sa bouche, les mastique et en recrache dans les orifices de l’enfant. Il explique que ces ouvertures du corps de l’enfant ont servi d’entrée aux esprits et le soin qu’il vient d’apporter les fera fuir. Il prépare un second médicament se composant de feuilles et de petits morceaux d’écorce de trois sortes d’arbres. Il plie une partie de ces ingrédients dans un linge blanc qu’il plonge dans un bol d’eau bouillante et prononce ces incantations :
Ton corps est malade ; Ton corps n’est pas malade
Tes veines, je guéris tes veines
Tes os, je guéris tes os
Ta vie, je te rendrai la vie
Ton corps n’est pas malade, ton corps est beau, laissons le reprendre sa forme initiale.
Il verse alors l’eau dans la bouche de l’enfant et noue les restes de feuilles et d’écorces autour des bras et des jambes de l’enfant en informant sa mère des espèces de poisson qu’il ne devra pas manger. Plus tard la mère rétribuera Koyoba avec une machette et d’une petite somme d’argent.
]…] Le bon sens nous conduit souvent à ranger ces modèles de pensées et d’actions sous le registre de la ‘magie’ et depuis plus d’un siècle les anthropologues ont tenté d’expliquer ces phénomènes. Certains affirment qu’il s’agirait d’un manque de connaissances des procédés physiologiques déterminant la santé et la maladie.
]…] Mais ces peuples seraient-ils incapables de tirer les justes conclusions logiques des évidences de la nature qui les entoure ? Précisément, en l’absence de technologies modernes, une connaissance détaillée provenant de l’observation répétée de la croissance des plantes, du comportement des animaux, de la qualité des sols et des phénomènes climatiques, une telle connaissance a été indispensable à la survie de l’être humain. A SUIVRE…
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