The Worried Man in Turkish literature
(1) - Classical Ottoman literature has been criticized, especially in the
field of poetry, to obscure the person, to hide the author in favor of a formal
exhibition marked by the predecessors imitation, the cornerstone of
intellectual high quality. The issue of narrative prose is different to the
extent that it belatedly appeared, in the middle of the 18th century, framed by
a modernized literary life: embryonic press and publications of the Tanzimat years (Ottoman driven reforms since 1839). The Man of Burgaz : chosen
or imposed loneliness?
Existential
anxiety, this profound doubt that is taking over the Turkish man is nowhere to
be better found than in Sait Faik
writings. While many wrote about him as initiator of new forms - we might as
well say new conceptions - of prose, his life can't be silent up, a life based
on a perceptible social exclusion; annuitant, late student, a long time
unmarried, he stayed with his mother on an island of the Marmara sea, he keeps
company with the literary and artistic world of Istanbul but experiences a real exclusion in
professional domain; he who so much
wanted to make his writings a living, his identity card bears the inscription "mesleksiz" (unemployed). He is
not a teacher, he does not work in the press nor in publications, he is a man
on the margin of society, under the Republic of the years 1930 to 1950 this
'writer' status was not sufficient, as a matter of fact Sait Faik too strongly
to be sincere, evokes artists Bohemian utopia, often left wing from Beyoğlu,
an indecipherable blend of attention to policy and practical
necessities oblivion. Thus
drawn down on these social, emotional and sentimental margins his work will best
reflect the urban Turkish society of his time: an extended family where
dispossessed are on the centre stage and where minorities - for the last time
in history - fall within at the very heart of the narrative. Like in American
novels the have-nots , the wanderers reinvent the literary landscape, Sait Faik
novels indicate the presence of a somewhat different shape of man, in contrast
to the figure of the little man in the city: the humble and darker man - we see
in French and Turkish the old and religious connotation of the words - will
gain in greatness through literary allusion. In 1944, one among those that will become
the most fruitful literary critic, Vedat Günyol, discovers Sait Faik and his capacity
to avoid inanimate characters and to
develop a prose based on moods, feelings, impressions onto which figures
are grafted. Bur first of all the texts from 1940 (and the consecutive ones
until 1954) drew up his thematic for good: "Lüzumsuz Adam"
(The Useless Man ), the novel gave its title to the book in 1948, he takes up
the theme of the lonely man, affected by misanthropic flashes as well as by
outraged generosities, and creates a new type of human being : on the fringe of
society, an agitated man who works, creates a certain amount of common sense,
revolt and brotherly love that good people don't possess any more. In his last
book published during his life, Alemdağ'da Var Bir Yılan There's a Snake
at Alem Mountain, Sait Faik's style asserts itself without limitations as a
metaphysical exaltation: the various short stories provide a new enjoyment: to
stare at a suffering and pain of a worried narrator, more than worried, distraught
dealing with his being in the absence provided by the crowd. A second aspect
enriches the expression of the novel: the evocation of a worrisome, unclear and
confused sexuality yet very intense. Being
alone is an art, suffering is a duty. Revolt,
anger, doubt to finalize the unease and the anxiety began to take over literary
characters, the "personae". Timour MUHIDINE
L'individu inquiet de la
littérature turque (1) - On a fréquemment reproché à la littérature classique
ottomane, surtout dans le domaine poétique, de masquer l'individu, d'escamoter
l'auteur au profit d'une exhibition formelle marquée par l'imitation des
prédécesseurs, seul gage d'une haute tenue intellectuelle. La question de la
prose narrative est différente en ce sens qu'elle naît tardivement, au milieu
du XIXe siècle, dans le cadre d'une vie littéraire modernisée : la presse et
l'édition embryonnaires des années desTanzimat (réformes ottomanes engagées dès
1839).
L'homme de Burgaz : solitude
choisie ou subie ?
L'inquiétude existentielle, ce doute profond qui envahit l'homme turc n'est
nulle part aussi précocement exposé que dans les textes de Sait Faik. Si l'on a
beaucoup écrit sur lui comme initiateur de formes nouvelles - peut-être
faudrait-il dire de conceptions nouvelles - de la prose, et
avant d'évoquer les textes, on ne saurait passer sous silence la vie de
l'auteur, elle-même placée sous le signe d'une certaine exclusion
sociale ; petit rentier, étudiant attardé, célibataire longtemps cloîtré
avec sa mère dans une île de la Mer de Marmara, il fréquente à sa manière le
milieu littéraire et artistique d'Istanbul mais connaît une véritable exclusion
dans le domaine professionnel; lui qui aurait tant voulu vivre de sa seule
plume, comme le rapporte Nedim Gürsel, sa carte d'identité porte l'inscription
de "mesleksiz" (sans emploi). Ce n'est pas un enseignant, il
ne travaille pas dans la presse ou l'édition, c'est un homme en marge, le
statut d'écrivain ne pouvant suffire sous la République des années 1930 à 1950 :
d'ailleurs Sait Faik évoque avec trop d'insistance pour être honnête, la bohème
des artistes souvent "gauchistes" de Beyoglu, le mélange parfois
indéchiffrable d'attention à la politique et d'oubli des contingences.
C'est donc sur ces marges sociales, émotives, sentimentales qu'est établie
l'oeuvre qui rend le mieux compte de la communauté turque urbaine de son époque
: une famille élargie où les déshérités occupent la première place, et où les
minoritaires - pour la dernière fois dans l'Histoire - s'inscrivent au coeur de
la narration. Comme dans les nouvelles américaines où les laissés pour compte,
les vagabonds réinventent le paysage littéraire, les nouvelles de Sait Faik
indiquent la présence d'une autre forme d'individu, par opposition au
personnage de "petit homme" des villes : l'humble, l'obscur - on
notera en français, comme en turc, la connotation ancienne et religieuse des
termes - qui gagnera en grandeur par l'évocation littéraire.
Dès 1944, l'un de ceux qui allait devenir un des
critiques les plus féconds de la nouvelle littérature, Vedat Günyol, repère
chez Sait Faik la capacité à éviter les "types" figés et à élaborer
une prose reposant sur des états d'esprits, des sentiments, des impressions sur
lesquels viennent se greffer des personnages. Mais ce sont particulièrement les
textes de la fin des années 1940 (et ceux qui se succèdent jusqu'en 1954), qui
ont établi pour de bon sa thématique : "Lüzumsuz Adam"
("L'homme inutile"), la nouvelle donnant le titre au recueil de 1948,
reprend les thèmes de l'homme seul, traversé d'éclairs mysanthropes, comme de
furieuses générosités, et crée un type humain nouveau : en marge de la société
qui s'agite et travaille, il constitue une sorte de réserve de bon sens, de
révolte et d'amour fraternel tels que les braves gens n'en possèdent plus. Dans
le dernier recueil publié de son vivant, Alemdaga'da Var Bir Yilan, Il
est un serpent à Alemdag, s'affirme sans restriction le tremblement
métaphysique de la manière Sait Faik : "L'homme créé par
la solitude", "Sommeil troublé", "Il est un serpent à
Alemdag" offrent à la lecture un plaisir nouveau : contempler les affres
de la douleur d'un narrateur inquiet, plus qu'inquiet, affolé, aux prises avec
son être dans l'absence que procure la foule. Et puis, un second aspect vient
enrichir la texture des nouvelles : l'évocation d'une sexualité inquiète,
imprécise, flottante et pourtant très intense... Etre seul est un art, souffrir
un devoir. La révolte, la colère, le doute, pour finir le malaise et l'inquiétude
ont commencé à s'emparer des individus littéraires, les "personae". Timour MUHIDINE
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