Daniel
de Coppet First Trade, Double Illusion
The first encounter between the 'Are'Are
and the Spanish on the island of Malaita, May 1568, was marked not only by the
fatal smoke of firearms but also by the exchange of ceremonial staffs for
seamen's capes. The sailors believed that the woven basket-work sphere on the
top of the staff contained gold. The 'Are'Are chose the cape because of the
political significance it held for them in relation to the ceremonial staff.
The latter is only the badge of the "murderer" — whose ornaments and
name evoke "closing" — who is subordinate to the "master of
peace", the big man-mediator associated with a symbolism of
"opening": the cape, open and enclosing at the same time, was thus
the sign of a superior power. A double illusion, each trade-partner taking up
the values of his own culture that he found in the other. The enduring mistake
of the sailors who denied contrary evidence in order to conform with the wishes
of their civilization and who were to make Europe, during two centuries, talk
about the gold of the Solomon Islands, gold which served as a pretense for
slave-trade, deportation, colonization. The tragic illusion of the Melanesians
who believed that the foreigners, because of their open-winged cape, were
endowed with a protective power similar to that of the master of peace but all
the more wonderful in that, according to tradition, political mediation arrived
from over the sea to replace the society of murder .
Daniel
de Coppet
Premier
troc, double illusion
Marqué
par la fumée blanche, mortelle, des armes à feu, le premier contact entre le
peuple 'Are'are et les Espagnols, dans l'île de Malaita en mai 1568, le fut
aussi par le troc des bâtons cérémoniels contre les capes des marins. Ces
derniers croyaient trouver de l'or dans la sphère de vannerie tressée qui
surmonte le bâton. Le choix de la cape par les 'Are'are, lui, est expliqué dans
cet article par la signification politique qu'elle pouvait revêtir à leurs yeux
par rapport au bâton cérémoniel. Celui-ci n'est que l'insigne du « meurtrier »
— dont les parures et le nom même évoquent la fermeture — , subordonné et
exécuteur des jugements du « maître de la paix », le grand homme-arbitre auquel
est attaché un symbolisme de l'ouverture de la cape, ouverte et enveloppante à
la fois, était ainsi la marque d'un pouvoir supérieur.
Double
illusion, chacun des partenaires revêtant ce que possédait l'autre des valeurs
de sa propre culture. Méprise persistante des marins qui, contre l'évidence
mais en accord avec le désir de leur civilisation, feront parler l'Europe,
pendant plus de deux cents ans, de l'or des îles Salomon — couverture pour la
traite, la déportation et la colonisation. Tragique illusion
des Mélanésiens qui crurent les étrangers investis, de par leur cape aux ailes
ouvertes, d'un pouvoir protecteur de même ordre que celui du maître de la paix,
mais d'autant plus prestigieux que, selon la tradition, la médiation politique
est venue d'au-delà des mers remplacer la société du meurtre.