8/07/2013

The Politicization of religions in Azerbaijan

Azerbaijan can rightly claim to be among the most progressive and secular Islamic societies. Aside from having been the first Muslim country to have operas, theater plays, and a democratic republic, Azerbaijan today is among the Muslim countries where support for secularism is the highest, and where radical ideologies have met only very limited interest. Historically, it was invaded by Islamic armies only decades after the death of the Prophet Muhammad, and was subsequently gradually Islamized. It was an Azerbaijani dynasty, the Safavids, who made Shi’a Islam the state religion of Iran. Yet even before Soviet atheism, Azerbaijan saw the rise of a secular intelligentsia that had little interest in religion aside from a marker of cultural identity. In the past several years, Islam has clearly made a come-back in Azerbaijan. This has been a generally benign and positive factor, providing a reconnection to values and traditions for a nation liberated from seventy years of atheism and Russification policies before that.
Also there has been the return to traditional values and an increased interest in religion, especially on the part of the young generation. More particular still has been the disillusionment with the West, and in particular the United States, resulting from U.S. sanctions on Azerbaijan regulated by section 907 of the Freedom Support Act. These issues have contributed to anti-western sentiment, moreover the continued problems of corruption, poverty, and semi-authoritarian government have contributed to continued dissatisfaction with the political system. Iran, Saudi Arabia and the Gulf region, Turkey and the Russian North Caucasus are the main sources of external influence on Islam in Azerbaijan and the state created the State Committee for Work with Religious Organizations. This move, while fundamentally sound and correct, in fact led to a diarchy as the State Committee and the Supreme Board compete for religious authority in the country. Also, the lack of reform in the Ministry of Education has implied that Azerbaijani schools do not provide adequate information and knowledge to students as regards the social sciences and the history and tenets of major religions.
Adopting a structure modeled on the Turkish Directorate for Religious Affairs is one possible approach to resolving the current deadlock. Addressing long overdue reform in the educational sector remains a high priority, in which the development of a curriculum in the humanities, including history of religions and civilizations, is crucial. A major problem in Azerbaijan is the absence of a modern education curriculum covering humanities and religion is aiding radicalism, by exposing youth to the propaganda of radical groups. Svante E. Cornell

We can’t forget the other religion shared by the people of the country, Zoroastrism, Judaism, Christianity.
Section 907 of the United States Freedom Support Act bans any kind of direct United States aid to the Azerbaijani government. 

La politisation des religions en Azerbaïdjan
L’Azerbaïdjan peut affirmer à juste titre être parmi l’une des sociétés les plus progressives et laïques. Ce pays a été le premier à se doter d’opéras, de pièces de théâtre, l’Azerbaïdjan est devenu une république démocratique qui de tous les pays musulmans soutient au mieux la laïcité et au sein de laquelle les idéologies radicales ont rencontré un intérêt limité. Historiquement, l’Azerbaïdjan était déjà envahi par les armées islamiques quelques décennies après la mort du Prophète Mahomet et progressivement islamisé. Une dynastie azerbaïdjanaise, les Safavids, est à l’origine de l’islam chiite en Iran. De plus, avant l’apparition de l’athéisme soviétique existe déjà le développement d’une intelligentsia laïque pour qui la religion importait uniquement en tant que signe d’identité culturelle. Au cours de ces dernières années, l’Islam est réapparue en Azerbaïdjan. Ceci constitue un facteur positif qui fournit une reconnaissance des valeurs et des traditions d’une nation libérée de près d’un siècle d’athéisme et de politique active de russification.
Il y a eu aussi un retour des valeurs traditionnelles et un intérêt grandissant pour la religion, spécialement chez les jeunes. Plus révélateur, la désillusion face à un Occident, plus spécifiquement les Etats-Unis et les sanctions imposées sur le pays par l’application de la section 907 de la loi sur le soutien à la liberté. Ces considérations ont contribué à l’apparition d’un sentiment anti-Occident ainsi que les problèmes liés à une corruption toujours omniprésente, la pauvreté, un régime semi autoritaire pour finalement perpétuer le manque de confiance dans la politique. L’Iran, l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe, la Turquie et le Nord du Caucase russe, sont les principales sources d’influence externe de l’Islam en Azerbaïdjan et l’état a crée un Comité National de Collaboration entre les Organisations Religieuses. Cette intervention sensée et régulière a conduit à une dyarchie alors que le Comité d’Etat et le Conseil Suprême s’affrontent pour l’acquisition du pouvoir religieux dans le pays. Egalement, le manque de réformes du Ministère de l’Education conduit les écoles azerbaïdjanaises à ne pas pouvoir fournir les informations et la connaissance suffisantes aux étudiants en matière de sciences sociales, histoire et histoire des religions.
Adopter le modèle turc avec une Direction des Affaires Religieuses serait une solution pour résoudre l’impasse actuelle dans lequel le pays se trouve.  Cette réforme du secteur de l’éducation qui se fait attendre reste la priorité dont le développement des sciences humaines, de l’histoire des religions et des civilisations reste décisive puisque l’absence de ces matières entretient le radicalisme politique et expose la jeunesse aux groupes en question. Svante E. Cornell

N’oublions pas les autres religions qui enrichissent le pays, le Zoroastrisme, le Judaïsme et le Christianisme.
La section 907 de la loi sur le soutien de la liberté aux Etats-Unis interdit toute forme d’aide directe de la part des Etats-Unis au gouvernement de l’Azerbaïdjan.

8/05/2013

The state of holiness in ‘political religions’

“Political religions” transform holiness into self-sacrifice in the name of political action. Furthermore, the saint hereby becomes a hero (of work, of war, or of propaganda) and an armed or unarmed missionary serving a holy “cause”. He does not seek to withdraw from the visible world even if he mundanely practices an ascetic lifestyle. On the contrary, he wants to transform the world by his commitment. The new secular holiness is not about contemplation but about action and creatio ex nihilo. It has, therefore, a quasi-divine character. The party and its charismatic leader, who are seen as incorporations of the whole body politic, take the empty place God has left. The secular saint is a potential martyr in as much as he has a providential and Promethean mission to fulfil. Because of this, he often becomes the centre of a devotional cult after his death.
A “political religion” is more than an alternative religion emerged along with modernity following the secularization and the decrease of religious practices. By sacralizing an ideology and by challenging those holding the power, the “political religion” transforms a political movement into a quasi-divine scheme. Believing in a specific politic involves, as for religious beliefs, an existential commitment similar to the duty of the devotee. Because saints and heroes represent both the figures of what Phyllis Passariello’s “cultural hero”, that is the essential piece of all epic poems and of great mythical sagas, from the Nibelungen to the King Arthur legend. In nationalist movements and in totalitarian systems, the political hero plays the role as the functional equivalent of the saint.

The cult of the dead and of martyrs and the myth of heroes are central in the nationalist “political religion”. The totalitarian or nationalist hero is a perfect copy of a collective pattern of human sacrifice. His unconditional commitment allows him to violate ethical philosophy; sometimes the political party and his charismatic leader, embodiment of the social society as a whole, can supplant temporarily or permanently God. In this context, a world war or a massive extermination of populations or social class may seem legitimate, since it serves higher almost ‘holy’ objectives. Yves Bizeul

Le statut de la sainteté dans les « religions politiques »

Les « religions politiques » ont transformé la sainteté en abnégation de soi au service de l’action politique. Le saint devient alors un héros (du travail, de guerre, de la propagande) et se fait missionnaire, armé ou non, au service d’une « cause » sacrée. Il ne cherche pas à se retirer du monde même s’il pratique l’ascèse intramondaine. Au contraire, il veut transformer ce dernier par son engagement. La nouvelle sainteté séculière vise non la contemplation, mais l’action et la recréation ex nihilo. Elle a, de ce fait, un caractère quasi-divin, le parti et son chef charismatique, incorporations du tout du corps social, prenant la place délaissée par Dieu. Le saint séculier est un martyr potentiel dans la mesure où il a une mission providentielle et prométhéenne à remplir et est souvent objet, après sa mort, d’un culte dévotionnel. !!!!
Une « religion politique » n’est pas une simple religion de substitution qui aurait émergé en modernité dans le sillage de la sécularisation et du recul des pratiques religieuses, en sacralisant une idéologie et en déifiant les détenteurs du pouvoir, elle métamorphose un mouvement politique en une œuvre quasi-divine. La croyance politique implique, à l’instar des croyances religieuses, une implication existentielle du dévot. C’est que saints et héros politiques ne sont que deux figures du « héros culturel » de Phyllis Passariello, un élément essentiel de tous les poèmes épiques et des grandes sagas mythiques, des Nibelungen à la légende du roi Arthur. Dans les mouvements nationalistes et dans les systèmes totalitaires, le héros politique joue le rôle d’équivalent fonctionnel du saint.
Le culte des morts et des « martyrs » et le mythe des héros étaient des éléments centraux de la « religion politique » nationaliste. Le héros nationaliste ou totalitaire n’est qu’une variation exemplaire d’un modèle collectif de sacrifice communautaire. Son engagement inconditionnel peut le pousser à contrevenir aux principes éthiques ; parfois le parti et son chef charismatique, incarnation du tout social, prendront temporairement ou durablement la place  Dieu. Dans ce contexte, une guerre mondiale ou une extermination massive de populations ou de classes sociales peuvent alors apparaître comme légitimes, puisque servant des objectifs plus élevés. Yves Bizeul

Sorcerer ‘s tales haunt Port Vila (Vanuatu)

A man is dead, three men are held in custody and Police and community leaders in one of Port Vila’ssuburbs are on the look out for sorcerers who have allegedly preyed on people until a recent confession made by a 19-year-old young man that the claims are true.
As rain continued to pour ceaselessly the scheduled meeting over the contentious reports of a “blood drinking” cult entwined with sorcery in Manples was postponed yesterday.
The story of vampires is truly the story of the month in Vanuatu’s capital today; it is every where- on the buses, on the streets, in the nakamals, at work, church and at home and each version seemingly more horrifying than the next.
A senior Police investigator informed the DP that Police have remanded three people and the Police informant was released back home for protection measures.
Following the revelations of this young informant on break-ins in the Capital and ‘nakaemas’, Police have checked the households he said they raided. Police have already retrieved 2/3s of the stolen goods and after cross checking the goods were returned to their rightful owners, which the informant had correctly identified.
In addition Police have checked these houses for physical signs of forced entry for break-ins but there were none and that leaves no rational explanation of how these people entered the house and stole the goods.
According to Police investigators if they could establish the use of supernatural forces to enter locked premises then perhaps it could also be established that sorcerers use such forces to take the lives of others. But it is going to be very difficult to establish this and that is something many people know and are afraid of.
The Vanuatu legislation acknowledges sorcery exists, as the Penal Code [CAP 135] section 151 states: “No person shall practice witchcraft or sorcery with intent to cause harm or detriment to any other person.”
A few cases of sorcery have made their way to the courts but only one has ever reached the Supreme Court. This is the case where seven men used black magic or sorcery to kill a young girl in Wala Rano, Malekula on December 1995 and were found guilty by the Supreme Court six years later on December 2001. But the case was quashed and the men walked away free after an Appeal Court over threw the sentence on lack of physical evidence.
A community leader clarified that the meeting on Sunday was postponed so as to avoid any interference with police investigation because some suspects are held by Police and the case is ‘very sensitive.’
Meanwhile tension and fear is growing with residents around the area of Manples. Reports reaching the Post said two men have been assaulted on the belief that they have ‘posen’ and were part of this cult. The most recent was on Friday where a young man from Malekula was returning back from work and going home where he lived uphill in the Tamalas area.
He was stopped, his hands tied and dragged down and beaten up near the Kaweriki church compound.
Nakaemas, Sorcery, Black Magic, Posen or whatever name you may call it is unwanted but the reality is it plays a fundamental role in the Melanesian society. In the days of great grandfathers and grandfathers of the present Vanuatu generations, chiefs use it as a measure of social control to maintain peace and order.
Along the way this element which many people believed is embedded in the cultural heritage, was exchanged and fell into the hands of some people who use it for other means than for the purpose it was designed to serve. Jane Joshua

Des histoires de sorciers hantent Port Vila

Un homme est mort, trois hommes sont détenus, la police et les dirigeants de la communauté d’un des quartiers de la banlieu proche de Port Vila se méfiaient de sorciers qui prétendaient terroriser la population jusqu’à la récente confession d’un jeune de 19 ans affirmant que les plaintes étaient réelles. La pluie incessante a reporté à hier la rencontre à propos des rapports litigieux du culte de ‘la boisson du sang’ avec la sorcellerie à Manples. L’histoire des vampires est réellement l’histoire du mois dans la capitale des Vanuatu ; on la retrouve partout, dans les bus, dans les rues, dans les nakamals, au travail, à l’église et à la maison, chaque version plus terrifiante que la précédente.]…]

Selon les enquêteurs de police, si l’utilisation de forces surnaturelles pour entrer dans des endroits fermés à clé pouvait être établie, de fait on pouvait également établir que les sorciers utilisent de telles forces pour prendre la vie des gens. Mais ces faits sont difficiles à prouver, les gens le savent et ont pour cette raison très peur. La législation des Vanuatu reconnaît l’existence de la sorcellerie, le Code Pénal [CAP 135] paragraphe 151 déclare : « Personne ne doit avoir recours à la sorcellerie pour nuire ou porter atteinte à autrui. » Quelques cas de sorcellerie ont déjà été traduits devant la justice dont un seulement est parvenu jusqu’à la cour suprême. Dans ce cas sept hommes ont fait appel à la magie noire ou à la sorcellerie dans le meurtre d’une jeune fille de Wala Rano, Malekula en décembre 1995, ils ont été reconnus coupables par la cour suprême six ans plus tard en décembre 2001. Mais le jugement était annulé par la cour d’appel par manque de preuves évidentes et les hommes furent libérés.]…]
Nakaemas, sorcellerie, magie noire, mascarade, quelque soit le nom qu’on leur donne, la réalité est que ces phénomènes jouent un rôle important dans la société mélanésienne. Au temps des arrière grands-parents, des grands-parents des générations actuelles des Vanuatu, les chefs utilisaient ces faits comme une mesure de contrôle social afin de préserver la paix et l’ordre. Jane Joshua

8/03/2013

The role of the Aryan myth in legitimizing the Russian colonization of Turkistan.


The idea of an Aryan cradle in Central Asia enabled some Russian academic circles inspired by Slavophilism to argue the “non-colonial” nature of Russian expansion by presenting it as the Aryans coming back to their homeland. These discourses became politicized when the tsarist regime established in Turkistan, and played an important role in several local institutions located in Tashkent such as the Turkistan circle of archeology amateurs.
The Aryan myth origin comes from a religious and scientific hypothesis: the Europeans might have a common origin and their ancestors might have come from Asia during an epic migration from Himalayan Highlands. In its first phase, the Aryan myth was a mode of understanding the world and an attempt to gain more insight into the reasons of the western colonial domination. Later researches endeavour to find a geographical origin of the myth: the discovery of a so called Tocharian language engraved on steles and manuscripts found in the middle of Chinese Turkestan (Xinjiang) gives essential interest for a Central Asian cradle. Furthermore, the Russian Aryan myth will be used as an ideology of colonisation since researches on the Pamir and other places meant to be the homeland of Aryan peoples must reconcile Slavophilism and Occidentalism into a broader unity, ariophilism (ariosofil’stvo).

The instrumental use of the Aryan referent in colonial Russian speeches toward Central Asia is based on these arguments: assertion from the conquered lands of political inability of autonomy; repeated emphasis of internally ethnic diversity; divisions of colonised peoples as allied (the Tajiks) and enemies (the Turkic peoples), and finally the justification for the colonial presence as a fact following the natural course of events. Summary and translation of the article from Marlène Laruelle

Page de titre des Protocoles TKLA, Tachkent 1904 

Le berceau aryen : mythologie et idéologie au service de la colonisation du Turkestan

Cet article étudie le rôle joué par le mythe aryen dans les discours de légitimation de la colonisation russe du Turkestan. L’idée d’un berceau aryen en Asie centrale a permis à des milieux intellectuels russes inspirés du slavophilisme de mener une réflexion sur la nature « non coloniale » de l’expansion russe en la présentant comme le simple retour des Aryens dans leur patrie. Ces discours se sont politisés au fur et à mesure de l’installation du pouvoir russe au Turkestan et ont joué un rôle important dans certaines institutions locales basées à Tachkent comme le Cercle d’amateurs d’archéologie du Turkestan.
Le mythe aryen est né d’une hypothèse à la fois scientifique et religieuse : les Européens auraient une origine commune et leurs ancêtres seraient venus d’Asie dans une migration épique depuis les hauts plateaux himalayens.  Dans sa première phase, le mythe aryen fut avant tout un mode de lecture du monde et une tentative de comprendre les raisons de la domination coloniale occidentale. Ensuite les recherches vont tenter de définir l’origine géographique du mythe : la découverte d’une langue dite tokharienne inscrite sur des stèles et des manuscrits trouvés au cœur du Turkestan chinois (Xinjiang) joue bien évidemment en faveur du berceau centrasiatique. Plus tard, le mythe aryen russe sert une idéologie de la colonisation puisque les recherches sur le Pamir et les autres lieux supposés de la patrie générale des peuples aryens doivent réconcilier le slavophilisme et l’occidentalisme dans une unité supérieure, l’ariophilie (ariosofil’stvo).
L’instrumentalisation du référent aryen dans les discours coloniaux russes envers l’Asie centrale repose sur ces arguments : affirmation de l’incapacité politique de la zone conquise à se gérer seule ; insistance sur sa diversité ethnique interne, son manque d’unité et de conscience de soi ; division des colonisés en alliés (les Tadjiks) et en ennemis (les Turks), et enfin, la justification de la présence coloniale comme un événement répondant au cours naturel des choses. 

8/02/2013

Managing religion in Central Asia

The preservation of the Soviet conceptual framework and factice renewal. This articles tries to show the contemporary continuities with the soviet regime in the religion management, on a juridical and institutional plan (Spiritual directions of Muslims, Councils of religious affairs) and in the daily relations between political and religious institutions. Whereas the changes concerning religion have been and remain for the authorities a way to give substance to the idea of a “new era” in the independent states, managing the religious factor shows the political power’s will to maintain norms and rules which prevailed under the former regime. It reveals the powers’ incapacity to think another conceptual framework of relationships between State and religion. A separation between three temporal spaces (tsarist regime, Soviet regime and independence) then seems to be an extreme simplification of history, which is assumed with difficulty by the current political authorities which emanate from this history.

The antireligious policy in Central Asia started with some delay, sufficient time for authorities to take full control of the area. Furthermore, in Central Asia, Islam was maintained in line with traditional worshipping handled by a large part of the population including by those involved with the Communist Party, Soviet power has never been sufficiently present to displace the traditions of Central Asian communities. The persistence of religion as a compensation of political control is increased by the fact that the area of autonomy granted to civil society is very often with limited access if not non-existent as in Turkmenistan. Thus religion is not a compensation to the end of the Soviet regime, but rather a compensation to the fantasy of centrality from current Central Asian powers. Résumé de l'article de Sébastien Peyrouse.

La gestion du fait religieux en Asie centrale : poursuite du cadre conceptuel soviétique et renouveau factice

Cet article tente de mettre en lumière les continuités avec le régime soviétique qui prévalent aujourd’hui dans la gestion du fait religieux, tant sur le plan juridique et institutionnel (Directions spirituelles des musulmans, Conseil aux affaires religieuses) que dans la pratique quotidienne des relations entre autorités politiques et institutions religieuses. Si les changements proclamés en la matière ont été et restent pour les régimes en place un moyen d’accréditer l’idée d’une “ère nouvelle” favorable aux nouveaux États indépendants, la gestion du religieux apparaît comme l’un des stigmates essentiels de la volonté du pouvoir de conserver les normes et règles qui ont prévalu sous le régime précédent, révélant l’incapacité à penser dans un cadre conceptuel différent le rapport entre État et religion. Une séparation en trois grands espaces temporels (régimes tsariste, soviétique puis indépendance) paraît alors simplifier à l’extrême une histoire que les pouvoirs actuels n’assument que difficilement puisqu’ils en sont directement issus.
La politique antireligieuse en Asie centrale a débuté avec un certain retard, le temps pour les autorités soviétiques de prendre pleinement contrôle de la région.  Par ailleurs, en Asie centrale, l’islam s’est particulièrement bien maintenu au travers de pratiques traditionnelles assumées par une large part de la population, y compris par les personnes insérées dans les structures du Parti communiste, le pouvoir soviétique n’a jamais été suffisamment présent pour évincer toutes les traditions de la société centrasiatique.
La persévérance de la religion en tant que compensation au politique est accentuée par le fait que l’espace d’autonomie accordé à la société civile est souvent extrêmement réduit, voire inexistant, comme au Turkménistan.  La religion n’est donc pas une compensation à la fin du régime soviétique en tant qu’expérience historique spécifique mais une compensation au fantasme de centralité des pouvoirs centrasiatiques actuels. Résumé d'un article de Sébastien Peyrouse.